
On pensait que c’est surtout à Kidal que le problème serait inextricable, et voilà que c’est à Tombouctou qu’il émerge. Après l’installation, même aux forceps et avec moult tractations, des autorités intérimaires à Gao, Menaka et dans le foyer incandescent de la rébellion touareg, Tombouctou devait boucler la boucle le lundi 6 mars 2017. Ce ne fut finalement pas le cas.
Depuis dimanche dernier en effet, la fièvre est subitement montée dans la cité des 333 saints où le Congrès pour la Justice dans l’Azawad (CJA) menaçait d’attaquer les bâtiments administratifs. Du coup, la délégation officielle qui devait quitter Bamako hier matin n’a pu effectuer le déplacement, les tirs ayant repris sur place.
En lieu et place de la cérémonie officielle et solennelle, ce sont les tractations qui se prolongeaient à mille lieux de là, dans la capitale malienne.
Le casus belli, le parachutage, de l’avis du CJA, de personnalités venues de Bamako et qui ne seraient pas au parfum des réalités locales. Les croquants exigent en outre plus de représentativité dans les structures locales.
Le fragile édifice de la paix en construction qui s’acheminait peu à peu vers la phase de finition menace ainsi de s’écrouler. Retour donc à la case des négociations, même si on ne voit pas trop comment les différents protagonistes parviendront à trouver un terrain d’entente car pour le pouvoir central « il n’est pas question de modifier la composition des autorités intérimaires mais il est possible de compenser la représentativité à des niveaux inférieurs »
C’est donc sur ce dernier maillon de la chaîne administrative que se jouent les tractations engagées depuis dimanche. On rame donc comme des galériens dans ces sables mouvants du grand nord Mali pour une opération qui est censée restaurer l’autorité de l’Etat dans cette partie du pays.
Et on a bien peur que l’échafaudage ne tienne pas , quand on voit toutes les difficultés de son érection.
Tant et si bien que le locataire du palais de Koulouba pourrait tout juste nourrir le sentiment de gouverner tout le pays sans pour autant avoir pour lui l’essentiel, autrement dit la réalité du terrain.
Et ses nouveaux pauvres barons des sables auront fort à faire avec la défiance des populations et des groupes armés habitués désormais à dicter leur loi.
Dans tous les cas, une chose est de redéployer un semblant d’administration et une autre est de pacifier véritablement le pays…
La preuve, c’est que pendant que Bamako tentait d’installer ses autorités intérimaires à Tombouctou, les terroristes eux, continuaient de faire parler la poudre, comme ce fut le cas dimanche à Bulkési où l’attaque d’une position de l’armée malienne a fait onze morts et quatre blessés…
Et pendant que le pays brûle, ils se disputent des parcelles de pouvoir.
H. Marie Ouédraogo
L'Observateur paalga |