Dimanche 10 février 2013, il est 17 h 30 à Ouagadougou. Plus qu'une petite heure pour que les Etalons du Burkina entrent en piste pour leur première finale d'une coupe d'Afrique des Nations de football. Comme avant chaque match, depuis le début de la compétition, nous échangeons des textos avec des amis. Jusque-là, parfois même contre toute évidence, nous avons distillé l'optimisme sur les chances de succès des Etalons.
Mais hier, à quelqu'un qui nous demandait quel était notre sentiment à quelque temps du début de la rencontre, voici ce que nous répondions : "Impression mitigée à cause de l'enjeu et de la fraîcheur physique. J'ai peur que la peur de gagner tétanise les joueurs et la fatigue accumulée des deux dernières prolongations nous jouent de mauvais tours".
Prémonition ? Quoi qu'il en soit, à l'issue des 90 minutes de jeu, ce sont les Super Eagles du Nigeria qui se sont adjugés le 29e trophée continental par la plus petite des marques (1-0).
Le rêve s'est donc brisé au Soccer City de Johannesburg. Mais rarement, rêve aura été aussi délicieux. Vouloir remporter la coupe quand on arrive à ce stade de la compétition, quoi de plus normal pour une équipe comme la nôtre qui aurait vu ainsi ses efforts enfin récompensés. Pour autant on aurait tort d'être triste dans la mesure où tout au long du tournoi, on n'aura pas été ridicule, loin s'en faut.
Ne l'oublions pas, vu nos statistiques qui ne plaidaient pas spécialement à notre faveur en partant en Afrique du Sud, l'objectif clairement avoué de notre onze national était de franchir, quinze ans après la première expérience du genre, le cap du premier tour. Contrat largement rempli puisque non seulement les protégés de Paul Put se sont qualifiés pour les quarts de finale mais, dans ce groupe C où certains avaient vite fait de vendre leur peau, ils s'étaient même payés le luxe de terminer premier, devant, excusez du peu, le futur vainqueur nigérian et le tenant du titre zambien. Le reste donc, ainsi que nous l'avions toujours écrit, relevait du bonus.
L'amertume de la défaite finale est d'autant plus supportable que les nôtres n'ont jamais été ridicules, pas plus hier que lors de leurs précédentes sorties.
Oui, depuis trois semaines nous avons vu des garçons admirables de courage, bien dans leurs jambes et dans leur tête, et qui en voulaient véritablement. Un collectif bien huilé, servi par quelques individualités exceptionnelles à l'image d'Alain Sibiri Traoré et de Jonathan Pitroipa.
On n'a pas si souvent vu une copie aussi propre depuis de longues années, fruit d'un remarquable travail de longue haleine et d'une réelle volonté politique. Qu'il y ait encore des aspérités à polir tant dans l'organisation et la formation des jeunes pouces, nul n'en doute mais ce qui nous a été donné de voir depuis trois semaines augure sans doute de lendemains meilleurs.
Le capitaine Moumouni Dagano et ses camarades sont tombés les armes à la main et c'est toute la Nation qui est aujourd'hui reconnaissante à ceux qui viennent d'entrer de leur vivant au Panthéon du football burkinabè. Réservons-leur donc le soir à 18 h à leur arrivée et les jours suivants un accueil triomphal auquel ont droit tous les héros de leur statut.
Adama Ouédraogo
Damiss
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