L’institut Free Afrik a présenté, face à la presse, le vendredi 16 octobre 2015 à Koudougou, une étude effectuée sur la crise du marché du sucre au Burkina Faso. Il ressort de cette étude que l’Etat a perdu pour raison de fraude dans l’importation du sucre, 8 à 15 milliards FCFA cette année.Un tiers du marché sucrier du Burkina est occupé par la Société sucrière de la Comoé (SN-SOSUCO) et les 2/3 par les importateurs particuliers. Conséquence, on assiste à une mévente du sucre. Ce qui entraîne des risques d’arriéré de salaire voire de licenciement du personnel. Alors, que faut-il faire ?
A cette question, l’institut Free Afrik apporte sa contribution à travers une étude menée sur le marché du sucre. Intitulée « La crise du marché au Burkina Faso : sauver les emplois sans sacrifier le consommateur », elle a été rendue publique le 16 octobre 2015. Selon le chercheur Ra-sablga Seydou Ouédraogo, l’étude a montré que le sucre importé coûte moins cher que celui produit localement. « Les prix varient de 12 à 23% » a-t-il précisé. Cela s’explique de plusieurs manières : « D’abord, avec le système de valeur mise en place par l’UEMOA, qui sous-évalue la valeur du sucre importé. Et cette sous-évaluation peut aller de 10 à 20%. Ce qui fait que l’importation devient moins cher », a souligné M. Ouédraogo.
La fraude fiscale en tête
L’autre chose très importante et beaucoup plus préoccupante, c’est la fraude. Il a expliqué qu’une quantité très importante de sucre entre dans le pays sans frais de douane ou qu’il est déclaré par des sociétés prêtes-noms (des sociétés qui ne sont pas réellement les vraies sociétés d’importation). « C’est le cas d’une société de la place, qui a un capital social d’un million F CFA mais qui a bénéficié en 2014, d’une autorisation d’importation de 5000 tonnes de sucre d’une valeur de 1 milliard 500 000 FCFA. Et en début d’année 2015, cette société a même importé 560 millions FCFA de sucre. Des documents de l’Etat attestent qu’elle agissait sous le compte d’une grosse société de la place. Cela fait des manques à gagner très important pour l’Etat », a témoigné le Dr. Autre dysfonctionnement, il a indiqué que le gouvernement de la Transition avait décidé lors de son Conseil des ministres du 25 mars 2015 d’annuler les opérations spéciales d’importation afin que la production locale du sucre soit écoulée. Cependant, il y a une dérogation spéciale qui continue d’être faite parallèlement à cette décision. « Le manque à gagner pour les recettes de l’Etat en 2015, lié à la fraude sur les importations de sucre se situe entre 8 et 15 milliards FCFA », a affirmé M. Ouédraogo. En termes de solutions, l’institut a suggéré que la situation actuelle soit revue en faisant en sorte que les intérêts du consommateur, de l’emploi local et des finances de l’Etat soient privilégiés. Ainsi donc, à court terme, le gouvernement doit acter dans les faits, sa décision d’arrêter les opérations spéciales d’importation et de les annuler. « Sur la question de ce qui a déjà été perdu par la douane burkinabè, il faut qu’il y ait une justice fiscale par rapport aux cas de déclarations frauduleuses et de faire en sorte que pendant la campagne électorale, la question de l’importation et du développement de l’industrie locale soit une question ouverte ».
A long terme, il faudrait une reforme du secteur de la régulation du secteur du sucre, c’est-à-dire l’observatoire du sucre, pour faire en sorte que l’intérêt du consommateur, de l’employeur de la SN-SOSUCO et également des caisses de l’Etat soient sauvegardés.
Fleur BIRBA
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