L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et ses partenaires techniques ont assisté, le mercredi 17 février 2016, dans la commune rurale de Di, à des récoltes de poissons dans des champs- écoles de riz. Cette expérimentation entre dans le cadre de la mise en œuvre du projet « Validation et dissémination des systèmes intégrés d’aquaculture-agriculture à travers l’approche champs-écoles des producteurs ».
Le champ de riz de Soungalo Singuisso situé dans la plaine aménagée de Nyassa est aussi le biotope de nombreux poissons. Selon le propriétaire des lieux, la cohabitation est paisible et fructueuse car a dit-il, tandis que le riz profite de la fumure organique induite par les déjections des poissons, ceux-ci se nourrissent des vers, des micro-organismes et insectes nuisibles de la rizière pour croître. Des propos qui se sont avérés car la récolte de poissons faite le 17 février 2016 devant l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), promotrice de ce système de production et ses partenaires, a donné des poissons dont le poids varie de 100 à 700 grammes alors qu’ils ne pèseraient qu’environ 30 grammes en septembre, date de l’empoissonnement des champs. « C’est en 2010 que j’ai commencé cette activité. Ça me permet de réduire les coûts de production de riz car j’utilise moins d’engrais chimiques. De plus, la vente du poisson améliore mes revenus », s’est réjoui M. Sanguisso. Sa joie est partagée par le producteur Seydou Sabo officiant également dans la plaine aménagée de Nyassa. Comme chez son prédécesseur, la récolte de poissons fut bonne avec à la clé, les mêmes avantages cités. Ces deux producteurs doivent leur « bonheur » à la FAO qui met en œuvre le projet « Validation et dissémination des systèmes intégrés d’aquaculture-agriculture à travers l’approche champs-écoles des producteurs ». Ce projet-test inspiré des résultats engrangés dans les pays asiatiques a démarré en février 2015. Il durera deux ans et concernera les plaines du Sourou, de Bagré et de la vallée du Kou. Mais pour la première année, ce ne sont que neuf champs-écoles qui sont en expérimentation, soit cinq au Sourou et quatre à Bagré. Avec une enveloppe financière de 160 millions de F CFA, l’institution soutient les producteurs par la mise en place des infrastructures de production notamment les étangs d’eau où les poissons peuvent se reposer après une balade dans le champ de riz, des aliments faits essentiellement avec les produits agricoles locaux, des appuis- conseils, le renforcement de capacité et des alevins notamment de tilapia (carpe) pour empoissonner la rizière. Ceci afin de susciter une production massive de poissons sur le territoire national à moindre coût. Outre donc la « rizipisciculture », le projet fait la promotion de la pisciculture semi-intensive en étang d’emprunt de terre. Cette technique consiste à élever des poissons dans une excavation existante pouvant contenir de l’eau naturellement durant une bonne partie de l’année.
Booster la production de poissons par la « rizipisciculture »
Des aménagements sommaires permettent d’améliorer l’excavation et d’obtenir un étang plus adapté pour une exploitation plus efficace en pisciculture semi-intensive avec des coûts et des technologies accessibles en milieu rural. Toute chose dont a bénéficié Yaya Drabo dans la commune de Di. Dans son étang, les poissons pêchés sont plus nombreux et de plus grandes tailles que ceux prélevés dans les rizières. Même s’il n’a commencé son activité que récemment et n’a pas encore commencé à vendre sa production, M. Drabo s’est dit confiant quant à sa rentabilité. Il a tout de même souhaité que la FAO amène des poissons de cycle plus court. « Les espèces que nous avons prennent 10 à 12 mois pour bien grandir, ce qui est très long. Si nous avons des espèces qui grandissent en moins de temps, nous pouvons facilement augmenter la production et rendre disponible le poisson à tout moment », a-t-il plaidé. Après les récoltes dans les trois endroits, le coordonnateur du projet, Idrissa Zampaligré, s’est dit satisfait des résultats atteints. « Les ressources naturelles sont insuffisantes, surexploitées et la quantité de poissons diminue de jour en jour dans les eaux. C’est pourquoi il faut tendre vers une production artificielle de poissons pour satisfaire la demande, d’où l’élaboration de ce projet », a-t-il déclaré. A l’en croire les riziculteurs commencent à s’approprier la technique de production et la demande d’accompagnement s’accroît. « Nous ferons après le bilan technique, économique et financier de ce système de production pour tirer les leçons, apporter des améliorations si besoin pour le mettre à l’échelle », a-t-il promis. Cette perspective correspond aux aspirations des autorités aux dires du directeur général des ressources halieutiques, Henri Zerbo. « Nous importons entre 60 000 et 80 000 tonnes de poissons par an tandis que la production nationale baisse de jour en jour. La rizipisciculture qui peut nous permettre d’accroître considérablement notre production est donc à vulgariser », a-t-il expliqué avant d’ajouter que son département s’attèllera à cette tâche.
ElianeSOME
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Sidwaya
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