«Seulement six ont répondu NON !» Le moins que l’on puisse dire est que c’est un Henri Konan Bédié, jubilatoire, qui a annoncé du haut de la tribune du Palais des sports de Treichville à Abidjan les résultats des élections tenues le même jour dans le cadre du réexamen de la «résolution du 12e congrès relative à la candidature d’un militant actif du PDCI-RDA à l’élection présidentielle de 2015» : l’appel de Daoukro a été adopté à 98, 84%, soit par 3 781 bulletins favorables. Un score stalinien qui en dit long sur les conditions de son obtention.
Le ton avait d’ailleurs été donné dès l’ouverture de la rencontre : ‘’Conscient qu’un mandat de 5 ans est insuffisant pour un Président de la République pour réaliser le programme qu’il a proposé et qu’il lui faut dès lors un second mandat, conscient du travail gigantesque abattu par le Président Alassane lors de son premier mandat, j’ai demandé de soutenir l’actuel président pour briguer un second mandat, à la tête du RHDP… La résolution d’octobre 2013 ayant été prise en congrès , un autre congrès devait pouvoir revenir sur la résolution, soit pour la supprimer ou la transformer pour être en conformité avec les textes du parti.’’
Seuls 6 «traîtres» ont donc finalement osé ramer à contre-courant des desiderata de Henry Konan Bédié qui ne risquait pas d’être désapprouvé, car, pour organiser ce qui lui-même a qualifié de «plébiscite», il a d’abord fallu qu’il s’entoure de toutes les précautions et de toutes les garanties en verrouillant le système et en s’assurant par tous les moyens le vote des cadres du parti. Ces éléphants et éléphanteaux rétifs d’Essy Amara, Charles Konan Banny, Kouadio Konan Bertin et Jérôme Kablan Brou ont beau barrir de désaprobation, voire de colère, rien n’y a donc fait. Comme Gilbert Noël Ouédraogo, chez nous en 2005, tout chef de file de l��opposition qu’il fut, est allé attacher le pachiderme au parc animalier de Ziniaré en soutenant la candidature de Blaise Compaoré, Bédié a choisi de saborder le plus vieux parti de la Côte d’Ivoire sur l’autel de ses ambitions personnelles. A la différence, il est vrai, qu’avec le RDR et d’autres partis, il est membre de la grande famille Houphouetiste. Mais de là à tuer sa propre formation politique, il y a de quoi se demander si le vieillard mérite encore son surnom de «sphinx», car le PDCI-RDA est devenu le PDCI-RDR et son véritable patron n’est nul autre qu’Alassane Ouattara qui voit ainsi s’ouvrir devant lui un boulevard pour ne pas dire un «pont» pour sa réélection. Reste maintenant à savoir si la base va suivre, car le tout n’est pas de concocter un coup fumant entre cadres, si les petits militants vont renâcler à entendre l’appel de Daoukro.
Hyacinthe Sanou
L'Observateur paalga
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