Signera ou signera pas ? C’est la question qu’on se posait à propos de la médiation algérienne sur l’accord de paix entre le gouvernement malien et les groupes armés du Nord. En effet, après le Burkina, l’Algérie a pris en main le dossier du septentrion malien pour tenter de trouver un consensus entre les deux parties qui se disputent sur le statut de l’Azawad. D’un côté, les autorités de Bamako qui estiment que l’unité territoriale du Mali n’est pas négociable, tout au plus, elles consentent à renforcer les pouvoirs des collectivités territoriales des zones touarègues pour accélérer le développement de cette région qui manque d’infrastructures socio-économiques de base du développement ; de l’autre, Kidal qui veut d’une autonomie réelle, condition sine qua non pour le retour définitif de la paix.
En clair, les mouvements irrédentistes du Nord veulent simplement la reconnaissance de leur territoire comme une entité à part entière.
Débutées en juillet 2014, les négociations piétinaient et avec la pression des partenaires au développement, Alger a fini par rédiger un texte a minima qui puisse satisfaire les belligérants. Et l’accord proposé à la signature reconnaît l’Azawad comme «une réalité humaine, socioculturelle mémorielle et symbolique partagée par différentes populations du Nord», mais ne parle ni de statut d’autonomie ni de fédéralisme.
C’est ce week-end qu’on devrait en principe clore les négociations pour fumer le calumet de la paix. Hélas, les résultats de ces pourparlers, déjà laborieux, ont d’abord été rejetés par la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), composée de quatre mouvements, avant d’être finalement paraphés dans la soirée, selon notre confrère « Le Temps d’Algérie ».
Est-on pour autant sorti des sables mouvants du Nord ? Rien n’est sûr quand on sait que les populations locales, elles, campent sur leur position : pas question de cautionner un document qui ne prévoit ni fédéralisme encore moins autonomie, leur revendication matricielle.
Or un accord n’est digne de ce nom que s’il fait le consensus à la base, sinon son applicabilité sera confrontée à la réalité du terrain.
Il appartient donc à l’ensemble des leaders des groupes armés du Nord, quand bien même ils auraient apposé leurs paraphes sur l’accord, la mort dans l’âme, d’user de tact, de perspicacité et de pédagogie pour amener leurs mandants à adhérer aux conclusions d’Alger. Certes la tâche ne s’annonce pas facile, mais le propre du compromis c’est de ne satisfaire pleinement aucune partie.
Adama Ouédraogo Damiss
L'Observateur paalga
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