Ils sont finalement parvenus à quelque chose à l’issue des 24 heures imparties au sommet Europe/Afrique de Malte : en effet, les dizaines de chefs d’Etat venus de part et d’autre de la Méditerranée pour tenter de trouver une solution à la crise migratoire ont adopté un plan d’action commun. L’Union européenne se dit prête à débloquer jusqu’à 1,8 milliard d’euros à travers la création d’un fonds pour financer des projets de développement et accessoirement freiner l’exode vers les rivages du vieux continent. Chacun des 28 Etats membres de l’Union est invité à compléter la somme pour doubler la mise. Voilà la principale décision de cette rencontre.
Mais il faut bien reconnaitre qu’à l’instar de ces pauvres hères qui traversent les océans dans des conditions abominables et au péril de leur vie, la soixantaine de chefs d’Etat réunis sur l’île des Chevaliers on dû ramer dure avant d’arriver à bon port : en effet, les positions n’ont pas toujours été convergentes, et celles des Africains, défendues notamment par de la présidente de la Commission africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma, et le président en exercice de la Cedeao, Macky Sall, qui, tout en replaçant le phénomène migratoire dans le contexte de l'histoire longue des relations entre les deux continents, ont tenté de faire comprendre à leurs interlocuteurs que le bon vouloir était une chose, mais que les ressources financières pour répondre aux demandes européennes en étaient une autre. Bien sûr, parmi les migrants qui se pressent aux frontières de l’Union, beaucoup viennent de zones de guerre comme l’Irak ou la Syrie. Mais la plupart des Africains, eux, fuient la misère.
Il faut dire que depuis que la déferlante migratoire charrie ces centaines et centaines de millions de demandeurs d’asile frappant aux portes de l’Europe, de nombreuses images ont bouleversé la planète entière. Et on se souviendra longtemps du petit corps inerte d’Aïlan gisant sur une plage turque.
Alors, au lendemain du sommet de Lavalette, on ne peut que se féliciter de cette prise de conscience qui aura permis de faire un peu bouger les choses afin de stopper l’hémorragie pour trouver des solutions structurelles à cette catastrophe humanitaire. Mais on peut quand même se demander si la bouée de Lavalette n’est pas trop fragile ; surtout quand on voit l’ampleur de cette marée humaine. En effet, que vaudront 1,8 milliard d’euros face à cet océan de misère dans lequel l’urgence est partout et à tous les niveaux ? Bien plus que ce fonds, c’est d’un véritable plan Marshall que l’Afrique a besoin pour sortir de l’ornière et retenir sur place ses fils tentés par la périlleuse aventure européenne. En effet, une chose est d’annoncer de grandes décisions, une autre est de les mettre en œuvre. Et pour le coup, les choses avancent lentement avec des promesses qui plafonnent à 78 millions d’euros. Décidément on est loin du compte.
Marie Ouédraogo
L'Observateur paalga |