Qui a finalement préparé et exécuté la prise d’otages au Radisson Blu de Bamako qui vendredi dernier s’est achevée dans un bain de sang…Quatre jours après l’horreur, une querelle de paternité se fait jour comme pour exacerber la douleur des rescapés et des familles de victimes ; en effet dès le lendemain de l’attaque c’est le groupe de Mokhtar Belmokhtar al-Mourabitoune qui l’avait revendiquée, même si ce lien n’avait pu être authentifié par les spécialistes de la question.
Et voilà que le Front de libération du Macina, un groupe jihadiste du centre du pays, s’en mêle, déclarant dans un communiqué envoyé au bureau RFI/AFP à Bamako être à l'origine de l'attaque terroriste qui, rappelons-le, a fait une vingtaine de morts. Voilà donc une rivalité dans cette escalade terroriste.
Une querelle de paternité aux relents bien cyniques, car qu’il se soit agit d’al-Mourabitoune, du FLM ou d’une toute autre kathiba, l’effet reste le même : ce vendredi noir à Bamako restera gravé dans les mémoires, car il replonge le Mali dans l’horreur et la psychose. Le drapeau national est en berne et le moral aussi.
Passe encore que les terroristes se disputent la paternité de ce meurtre de masse, cette abomination. Mais que la classe politique malienne elle-même soit partagée au lieu de resserrer les rangs est un comble qui ne fera qu’ajouter au désarroi des Bamakois, car sur quoi polémique-t-on ?
Sur l'état de la sécurité dans le pays, les uns dénonçant le laxisme qui a conduit au pire et les autres assurant qu’au contraire des mesures considérables ont été prises pour sécuriser le territoire et ceux qui y vivent.
Il ne faut pas jouer aux prophètes après coup, surtout quand on sait que la menace est plus que jamais prégnante et qu’aucun Etat quelle que soit son degré de préparation n’y est réellement à l’abri. Et plus particulièrement dans nos pays où les forces de défence et de sécurité ne sont pas forcément préparées à affronter cette nouvelle menace.
Bien sûr, on peut compter çà et là sur l’expérience de quelques rares spécialistes de la lutte contre le terrorisme formés à l’école occidentale ou israélienne, ce qui est loin d’être suffisant pour faire basculer la terreur dans l’autre camp. Mais même en France où Vigipirate avec son déploiement impressionnant de moyens humains et matériels a largement fait ses preuves, il y a eu des attaques.
C’est dire qu’il faudra du temps, beaucoup de temps et encore plus de persévérance pour faire reculer le spectre de la terreur. Mais au-delà de ces considérations, il faut bien admettre que les meilleurs auxiliaires des forces de défense et de sécurité, pour ne pas dire les meilleurs gendarmes, restent les populations elles-mêmes, grâce notamment aux précieux renseignements qu’elles peuvent leur fournir.
H. Marie Ouédraogo |