Ils sont embarqués dans la même galère, mais chacun rame comme il peut pour s’en sortir : l’un, Laurent Gbagbo, transféré le 30 novembre 2011, quelques mois après son arrestation ; et comme s’il était écrit quelque part que leurs destins seraient liés, l’autre, en la personne de Charles Blé Goudé, après un court exil a été alpagué puis expédié à La Haye en 2014. Aujourd’hui, comme on le dirait à Abidjan, ils sont arrivés en détail mais c’est en gros qu’ils sont jugés pour des charges similaires.
En effet, ils sont accusés de persécutions, meurtres, viols et autres actes inhumains. Ils sont aussi accusés d’avoir tous les deux conçu et mis en œuvre un plan meurtrier, destiné à maintenir Laurent Gbagbo coûte que coûte au pouvoir, en menant des attaques qualifiées de systématiques et généralisées contre des civils, présumés partisans d’Alassane Ouattara. Tant et si bien que beaucoup se demandaient si, après le discours d’introduction des avocats de Gbagbo, il serait encore utile pour ceux de l’ancien leader des Jeunes patriotes d’intervenir au risque de brouiller le message.
Or l’une des principales conséquences de la jonction des deux dossiers c’est que les conseils des prévenus doivent travailler en synergie pour ne pas se marcher sur les pieds, ce qui, il faut bien le reconnaître, est loin d’être une mince affaire.
Alors comme il fallait s’y attendre, c’est la recette de la veille servie par Me Emmanuel Altit qui a été réchauffée par son confrère Me Geert Alexander Knoops d’abord pour rejeter en bloc toutes les charges et ensuite pour affirmer que tout cela n’est que cabale savamment orchestrée par les forces pro-Ouattara de l’intérieur comme de l’extérieur ; car pour le conseil de l’ancien ministre, Charles Blé Goudé est loin d’être un homme violent. Au contraire, c’est un homme de justice. Il est vrai qu’un avocat est d’abord au service de son client et non de la vérité. Mais quand on se rappelle la capacité de mobilisation et le bagou destructeur de celui que ses fans appellent affectueusement Zadi Gbapè, on doute que ces affirmations puissent convaincre au-delà du cercle de ses admirateurs et des partisans du clan Gbagbo.
Dans tous les cas, puisque leurs lignes de défense sont communes, il est désormais évident que le sort des deux prévenus de La Haye restera, quoi qu’il arrive, lié.
Marie Ouédraogo
L'Observateur paalga |