Bosso ville martyre, Bosso ville fantome. Quatre jours après l’attaque particulièrement meurtrière de Boko Haram, cette ville du sud-est du Niger s’est vidée de ses habitants tandis que le pays tout entier entamait trois jours de deuil national sur fond de polémique.
L’armée nigérienne a-t-elle, oui ou non, décampé aussitôt le calme revenu, laissant du même coup la ville aux mains des jihadistes, comme l’affirme son maire ou les militaires seraient-ils encore les maîtres du terrain ainsi que l’a assuré le porte-parole du gouvernement à l’issue d’un conseil extraordinaire des ministres consacré à l’attaque et à ses conséquences ?
Bosso est-elle encore sous le contrôle des autorités nigériennes ? La question se pose toujours mais, pire que la razzia des hommes du « Chacal », ce qui serait vraiment grave, c’est de constater que les forces de défense et de sécurité ont déserté laissant les populations civiles à leur triste sort, sauf à vouloir faire ainsi l’aveu de leur incapacité à tenir tête aux assauts de cet ennemi aux mille visages.
Mais dans tous les cas la situation est suffisamment grave pour que le président Mahamoudou Issoufou se soit envolé pour Ndjamena où il aura sans doute sollicité l’appui de son voisin Idriss Deby Itno, celui-là même qui au fil des campagnes a réussi à se tailler une solide réputation de pourfendeur de jihadistes.
On a déjà vu de quoi étaient capables les Debyboys au Mali comme au Nigeria… et ce n’est certainement pas un fait du hasard si l’état-major de la force mixte multinationale est basé dans la capitale tchadienne.
Censée coordonner les opérations de lutte contre le terrorisme entre les différents pays de la ligne de front, elle a enregistré quelques succès face à un ennemi diablement mobile qui sait montrer l’étendue de sa férocité. On l’a vu tout dernièrement à Bosso où les morts se sont comptés par dizaines.
Alors viendra-t-on un jour à bout de cette menace tentaculaire ? Une chose est sûre, la guerre contre le terrorisme est loin d’être terminée. Et des Bosso, il y en aura encore.
Mais aujourd’hui, le plus urgent c’est moins la riposte que la catastrophe humanitaire qui se profile avec tous ces déplacés qui à l’approche de l’hivernage ont laissé champs, bétail et autres biens matériels pour sauver leur vie. Ces gens-là ont besoin d’aide pour ne pas être les prochaines victimes de l’attaque de Bosso.
H. Marie Ouédraogo
L'Observateur paalga |