C’est en mai 2008 que Gilbert Diendéré, alors colonelmajor et chef d’état-major particulier de la Présidence du Faso a été fait chevalier de la Légion d’honneur française par le président de la République de l’époque, Nicolas Sarkozy. La déchéance du général putschiste de cette médaille aussi convoitée que précieuse a été confirmée par l’ambassadeur de France, Gilles Thibault, lui-même le week-end dernier sur Radio oméga. Ce coup de force perpétré par « Golf » et ses éléments du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) à la veille des élections couplées présidentielle et législatives aurait fait tourner le sang de François Hollande qui, selon le diplomate, a décidé entre le 18 et 19 septembre de radier le général Diendéré de la Légion d’honneur française.
Instituée par Napoléon en 1802, la Légion d’honneur est la plus élevée des distinctions nationales françaises. Elle est décernée aux étrangers qui se sont illustrés par les services rendus à la France ou aux causes qu’elle soutien ou défend. Il faut rappeler que ces dernières années, avant la chute de Blaise Compaoré en octobre 2014, le général Diendéré, grâce à son réseau d’informateurs, s’était rendu plusieurs fois dans le Nord Mali, infesté de djihadistes à la solde d’Aqmi et de bandes armées de tous poils, pour libérer des otages occidentaux. Parmi ses hauts faits d’armes on peut citer la libération des trois otages espagnols enlevés près de Tindouf en Algérie par le MUJAO, le 19 juillet 2012 ; l’homme du CND était aussi dans la Casa 235, l’avion qui est allé récupérer les otages italiens et espagnols dans ce no mans land, Rossela Urrux, Enric Gonyalons, Ainhoa Fernandez Rincòn. Etre légion d’honneur confère peu de droits matériels, mais beaucoup de devoirs moraux. L’engagement est avant tout civique et éthique. Il y a peu d’avantages matériels pour les intéressés, par contre cette distinction offre la possibilité aux enfants, petitsenfants et même arrière-petitsenfants du récipiendaire de faire des études dans les maisons d’éducation des Légions d’honneur, dans les collèges et lycées publics. Les décorations sont portées sur le côté gauche de la poitrine selon un protocole défini par les textes et par l’usage. Le sentiment d’appartenance à cet ordre oblige ses membres à certaines règles de bonne conduite et de savoir-vivre, ainsi qu’à un engagement tacite auquel tout décoré doit se soumettre. Tout acte contraire à l’honneur commis par un décoré est susceptible d’entraîner des peines disciplinaires. Il existe trois sanctions, d’importance croissante : Le blâme, la suspension, dont la durée varie selon la gravité de la faute, et l’exclusion définitive.
Elle est automatique en cas de condamnation par les tribunaux pour crime ou peine supérieure à un an de prison ferme. Toutefois les deux dernières sanctions sont prononcées par le président de la République et publiées au Journal officiel. Pour les étrangers, la sanction consiste purement et simplement au retrait de la décoration par décret. C’est cette dernière mesure qui a été mise en oeuvre par François Hollande au lendemain du coup d’Etat perpétré par le général Gilbert Diendéré.
La Rédaction
L'Observateur paalga |