Les membres du dernier gouvernement de l’ex-président Blaise Compaoré, poursuivis pour leur implication présumée dans la répression « sanglante » de l’insurrection populaire, ont comparu, comme prévu, devant le juge, le jeudi 27 avril 2017, au palais de justice de Ouagadougou. Si l’évènement s’est annoncé comme l’un des plus attendus, l’ouverture du jugement lui est intervenue sous haute sécurité et dans une ferveur populaire.
Jeudi 27 avril 2017. 7 h 30 mn. Aux abords du palais de justice de Ouagadougou, l’ambiance est inhabituelle. Les rues ne connaissent pas le grand monde des jours précédents. Rien à voir pourtant avec le ciel assombrissant qui annonce la pluie. Les chicanes disposées de part et d’autre des voies d’accès au tribunal et le déploiement des Forces de défense et de sécurité (FDS) en disent long sur la solennité du moment. De mémoire, depuis la création de la Haute Cour de justice en 1995, c’est la première fois que des ministres de la République sont jugés. Les membres du gouvernement Tiao III comparaissent, en effet, ce jour, pour « complicité d’homicide volontaire » et « coups et blessures volontaires », en raison de leur participation au conseil extraordinaire des ministres du 29 octobre 2014. Malgré le caractère très spécial de ce jugement, l’accès à la Cour n’est pas interdit au grand public. Mais avant d’y entrer, il faut montrer patte blanche. Trois gardes pénitenciaires, armés de détecteurs de métaux, s’emploient à des fouilles minutieuses des visiteurs. Tout passe au peigne fin pour repérer les objets susceptibles d’être utilisés à mauvais dessein. La prise est maigre. Seuls des briquets de fumeurs ont été débusqués. A l’intérieur de la cour, les journalistes, de la presse nationale et internationale, sont à l’affût pour immortaliser l’évènement. Les flashs scintillent tantôt en direction de certains anciens dirigeants tantôt sur des badauds rassemblés, attendant l’ouverture du procès.
Suivre le procès à tout prix
La salle d’audience 2 dans l’enceinte du Tribunal de grande instance de Ouagadougou est le lieu retenu pour les audiences du jour. Là-également, le dispositif sécuritaire est de mise. Les fouilles sont renforcées par un portique de sécurité et un barrage formé d’éléments de la Brigade anticriminels et des gardes pénitenciaires. 8 h 30. Une demi-heure avant l’ouverture du procès, les premières gouttes de pluie atterrissent sur le toit des bâtiments du palais. Malgré l’intempérie, la détermination de la foule ne semble pas s’ébranler. Les participants affluent toujours en dépit des rafales de vents et d’eau qui s’intensifient. Des jeunes surexcités affichent leur détermination à accéder à l’intérieur de la salle. Ils n’hésitent pas à réprimander ceux qui tentent un passage forcé ou qui se soustrait de l’obligation du rang. 8h 45. Les FDS annoncent qu’il n’y a plus de place libre. « On ne peut laisser entrer maintenant que ceux qui ont les laissez-passer », lance un agent. La déception se lit sur les visages. Certains visiteurs, visiblement des familles des accusés, tentent des conciliabules pour accéder à la salle. Les uns finissent par y arriver non sans peine. Les autres sont conduits vers les places assises aménagées à côté de la salle. Beaucoup se résignent pour cette option. Les plus déterminés décident de rester debout, tendant souvent le cou pour saisir quelques images de l’intérieur. Une volonté de suivre le procès à tout prix. 9h 05 mn, la pluie diminue d’intensité. Les haut-parleurs, entreposés à l’occasion à l’extérieur de la salle, retentissent. Le procès vient de démarrer. C’est le calme absolu. Tous retiennent leur attention pour suivre la retransmission. 9h 30, les hauts parleurs annoncent le report des audiences à la date du jeudi 4 mai 2017. La salle se vide. La foule converge vers la sortie. Les journalistes se bousculent devant quelques leaders d’opinion pour leur arracher quelques impressions. Pour les participants au procès de l’insurrection populaire, le suspens venait de prendre fin. Du moins pour ce premier jour.
Mamady ZANGO
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