Les interrogatoires dans le cadre du procès du putsch manqué se sont poursuivis, le 25 juillet 2017, avec le soldat de 1re classe, Hamado Zongo et le sergent Yahaya Guiré. Le premier a réfuté la qualification des faits qui lui sont reprochés, occasion pour les avocats (défense et partie civile) de se lancer dans un débat sur la possibilité ou pas de discuter des procès-verbaux d’instruction.
A l’audience du mercredi 25 juillet 2018, le soldat de 1re classe, Hamado Zongo, ne s’est pas senti concerné par la qualification des faits qui lui sont reprochés. Plutôt que des patrouilles de mission et de reconnaissance, l’accusé a considéré avoir plutôt effectué des «sorties» et «une tournée». Pour lui, ce sont les juges d’instruction qui, en fonction des dépositions des accusés entendus avant lui, ont utilisé ces mots. Son conseil, Me Alexandre Sandwidi, en a conclu que «beaucoup de qualifications des faits, contenues dans les PV, ont été forgées par les juges d’instruction» et que son client n’en assume pas la paternité. «Le magistrat instructeur qui est un humain peut avoir, en fonction de ses prérequis, de son style ou de sa compréhension, reformulé les déclarations de l’inculpé», a précisé Me Sandwidi.
Si tel était le cas, a rétorqué Me Prosper Farama de la partie civile, il y a faute professionnelle du juge. Pour l’avocat de la partie civile, les PV sont « réputés vrais jusqu’à inscription de faux ou annulation ». Mais Me Sandwidi de la défense a rajouté, à propos de la valeur des pièces en question, qu’elles ne sont pas « la bible », demandant au tribunal de tenir compte des circonstances dans lesquelles le juge d’instruction a interrogé l’accusé. Les avocats s’échauffant et les discussions s’enlisant sur ce sujet, le président du tribunal a tranché : « les PV sont discutés contradictoirement devant la juridiction et chaque partie peut opiner librement là-dessus ». Le débat s’est ensuite déporté sur la qualification des infractions reprochés à la plupart des accusés, et notamment, l’interprétation des articles 67, 170 et suivants du code de procédure pénal. La défense, en l’occurrence, Me Sandwidi et Me Dieudonné Bonkoungou ont souhaité, que le parquet établisse le lien (preuve à l’appui) entre chaque décès et les armes causales, et partant, l’identification des personnes responsables.
Le président du tribunal a dû encore intervenir pour clore les débats, qu’il a qualifiés de pré-plaidoiries, et ramener tout le monde à l’interrogatoire de l’accusé Hamado Zongo. Le parquet et la partie civile n’ayant plus formulé de questions, son conseil, Me Alexandre Sandwidi a réaffirmé que l’accusé n’est pas auteur d’attentat à la sûreté de l’Etat, encore moins de meurtre ni de coups et blessures ou de dégradation de biens. Et s’il a fait des sorties (sans armes) en compagnie du sergent-chef Ali Sanou, aucun lien n’aurait été établi entre ces sorties et les infractions invoquées. L’accusé, pour sa part, n’a rien trouvé à ajouter. A sa suite, c’est le sergent Yahaya Guiré, qui s’est présenté devant le tribunal. Ce mécanicien militaire âgé de 52 ans, père de 5 enfants et inculpé d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre et coups et blessures, a plaidé non coupable. Il a soutenu avoir rejoint la base à l’appel de son supérieur hiérarchique. Sur place, il apprendra que le quartier est consigné. Il n’aurait participé à aucune rencontre. Sa participation aux évènements du coup d’Etat manqué aurait été de se rendre par deux fois au centre-ville pour dépanner des véhicules. Sorties au cours desquelles, son second aurait effectué des tirs en l’air pour disperser des manifestants. Si la plupart de ses déclarations ont corroboré avec les contenus des PV, le sergent Guiré a tout de même voulu nuancer quelques propos, qui lui ont été prêtés en lien avec d’autres accusés que sont le sergent-chef Koussoubé et le caporal Abdoul-Nafion Nebié. Suspendu sur les coups de 17h, son interrogatoire reprend vendredi matin.
Jean Philibert SOME & Fabé Mamadou OUATTARA
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