CEP 2017 : Des bourgeons entre les mains de la future génération PDF Imprimer Envoyer
Écrit par L'Observateur paalga   
Mercredi, 07 Juin 2017 07:44

Après les 2 74 049 candidats au BEPC, c'était au tour hier, 6 juin 2017, des 3 886 62 aspirants au Certificat d'études primaires (CEP) d'affronter les épreuves sur toute l'étendue du territoire national. Avec une année quasi paisible, matérialisée par un protocole d’accord entre les syndicats de l’éducation et leur ministère de tutelle, l'espoir de réaliser de meilleurs résultats est largement partagé. Le premier sujet, qui porte sur la plantation d'arbres, est une invitation à sauver notre planète. Récit d'une journée dans quelques centres de Ouagadougou.

A l'école Tang-Zougou  l'appel des candidats a eu lieu, comme prévu, dès 6 heures. Sur les 260 candidats issus des huit écoles environnantes (ATI, Nouvelle Alliance, Croix-Rouge, Petits poucets, SCOB II et Tang-Zugu A et B), seul un absent, un élève qui a préféré faire un voyage aux Etats-Unis avec ses parents, d’après le président du centre, Adamou Nadié. Rien de grave donc. A 7h 30 il sonne la cloche pour donner le top  de départ des épreuves avec le sujet de la rédaction: « Ton école a organisé une journée de plantation d'arbres. Raconte. »

 

Pendant que les élèves restituent ce qu'ils ont appris, les maîtres accompagnateurs attendent en groupes, satisfaits de ce qu’il n’y ait rien à signaler. Sont de ceux-là Lacina Nomba, qui se félicite du bon déroulement de l'année scolaire augurant de meilleurs résultats. Autre point de satisfaction pour lui, le protocole d'accord signé entre les syndicats des enseignants et les autorités au terme duquel la prise en charge journalière  des examens passe de 2 500 F à 6 000 F CFA et les frais de correction d'une copie de 150 F à 200 F et 250 F pour la session prochaine. Une perspective qui ne manque pas de créer une bonne ambiance chez les enseignants, lesquels nous posent cette question : « Combien gagnez-vous en couvrant la session ? »« Rien » répondons-nous « C'est pas vrai, sinon vous iriez en grève », nous rétorquent-ils.

A l'école Sanyiri A, la présidente du centre, Sylvie Konditamdé Belem, se félicite de la présence des 279 candidats. Fait remarquable, le nombre de filles est supérieur à celui des garçons. « La parité a été dépassée depuis longtemps dans nos classes  et les garçons sont de plus en plus minoritaires », relève-t-il. Le chef de la circonscription Ouaga 8, présent sur les lieux, nous décline les chiffres-clés de sa CEB : 6129 candidats, 18 centres et 284 surveillants. Selon ses dires, en dehors des petites difficultés d'incohérence entre les numéros sur les cartes des élèves et ceux figurant dans les P-V, finalement résolues, toutes les conditions se trouvent réunies pour la réussite de l’épreuve.

Auprès des salles de classe, deux infirmières guettent le moindre signe de malaise de la part des élèves. Estelle Zoungrana, l’une d’entre elles, a pris le soin ce matin de déposer sa propre nièce de 12 ans, Inès Kabré, prenant part également à l’examen. De son regard émane donc une tendresse qui va au-delà de tout engagement professionnel et médical, une tendresse à l’égard des efforts scolaires des bambins soutenus par leurs familles. Pour l’heure, un seul enfant s’est plaint de maux de ventre, liés sans doute à une indigestion ou à sa nervosité. Des sourires et un médicament le soulagent et, armé de courage, il redouble d’énergie aux côtés de ses camarades.

Bientôt, nous retrouvons à la sortie, les plus prompts à rendre leurs copies. Bien qu’ils semblent être parvenus à déjouer les pièges de la dictée et fait couler sur leurs récits la sève de leur imagination, les écoliers ont le triomphe modeste, comme s’ils avaient conscience que le chemin est encore long sur les sillons des études. L’espace d’un bref témoignage, le bouillonnement intérieur cède le pas à une sagesse naturelle, empreinte d’idéalisme.

Ils n’oublient pas, au moment de prendre timidement la parole, de rendre hommage à leur maître, qui les a préparés à l’aide d’exercices de grammaire et d’orthographe. L’amour de la Mère nature et la reconnaissance du lien unissant les Hommes à la terre germent de leurs voix, quand les jeunes relatent la manière dont ils ont envisagé de peindre le sujet d’écriture. Ainsi, Ariel Pierre Koumsaga (11 ans), souhaitant un jour exercer la médecine, met en lumière le généreux langage des cultures et des vergers : « L’arbre nous donne son bois, ses fleurs, ses fruits, même si on ne lui donne rien. »

Quant à Ini Véronique Kam (13 ans), désireuse à son tour de devenir infirmière, elle nous offre une description minutieuse et poétique, interprétée de ses mains, de la noble tâche de semer : « Il faut creuser un trou y déposer une graine, chercher de l’eau et inviter le soleil. J’aimerais qu’un manguier pousse à l’école. »

Peut-être n’existe-t-il pas de méthode pédagogique plus belle pour élever l’âme humaine et former des hommes intègres que de les inciter à planter des arbres. Les bourgeons des nouvelles générations burkinabè désirent ardemment éclore. Nous devons dès lors allouer sans tarder les ressources nécessaires à l’amélioration de leur éducation, afin de rendre fertiles les plaines arides d’aujourd’hui. Les moissons à venir de notre pays en dépendent.

 

Abdou Karim Sawadogo

Alejandro Llopart Corzo

L'Observateur paalga

Mise à jour le Mercredi, 07 Juin 2017 07:52
 

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