Clap de fin pour Idrissa Ouédraogo. Le réalisateur, producteur et scénariste burkinabè s’est éteint, des suites, selon ses proches, d’un Accident cardiovasculaire(AVC) dans la capitale burkinabè, le dimanche 18 février 2018. L’annonce de son décès a suscité de nombreux réactions et témoignages dans le monde. Au Burkina Faso, le président du Faso Roch Marc Christian Kaboré a regretté, sur twitter, une perte pour le cinéma : « Je rends hommage à Idrissa Ouédraogo qui aura beaucoup œuvré au rayonnement du cinéma burkinabè et africain hors de nos frontières
. L’Afrique perd avec sa disparition l’un de ses plus valeureux ambassadeurs dans le domaine de la culture ». Un hommage mérité pour un pionnier, surtout que le réalisateur, surnommé Maestro par ses pairs, était l’un des piliers du 7e art du pays des Hommes intègres, grâce à une abondante filmographie. Le natif du Yatenga entame une carrière marquée par un succès précoce. En effet, le film de fin d’études d’Idrissa Ouédraogo intitulé Poko décroche le prix du meilleur court métrage au Festival panafricain de cinéma et de la télévision de Ouagdougou (FESPACO). Durant un parcours cinématographique prolifique, Idrissa Ouédraogo a réalisé, entre autres, Les Ecuelles (1983), Les funérailles du Larlé Naaba (1984), Issa Le tisserand (1985). Une année plus tard, en 1986, c’est par le Choix qu’il opte pour le long-métrage. Son deuxième long-métrage Yaaba (1988), salué par le Prix de la critique du festival de Cannes en 1989, lui donne une notoriété mondiale. Consolidée l’année suivante par le triomphe de Tilaï, qui remporte le Grand prix du jury du festival de Cannes et l’Etalon d’or de Yennenga au FESPACO en 1991. Son talent a été reconnu et honoré dans plusieurs festivals de cinéma. Parmi lesquels figurent, entre autres, les festivals Clap Ivoire, de Venise, de Tokyo, Amiens où il a partagé son expérience comme membre de jury. Et même comme conférencier, il a fait valoir ses talents en France, aux Etats-Unis, dans son pays, le Burkina Faso. En 2016, pour ses films de qualité et pour sa générosité, ses pairs lui ont rendu un vibrant hommage lors des Journées cinématographiques de Carthage (JCC).
Un génie récompensé
Le président tunisien Béji Caïd Essebsi a donné plus d’éclat à ces honneurs en décorant Idrissa Ouédraogo dans l’Ordre national tunisien du mérite culturel. « La formation, la maîtrise de l’outil cinématographique sont très importantes. C’est ce qui permet au regard et aux oreilles d’accepter un film. On ne peut pas faire l’économie de la formation professionnelle », répondait-il au journal Le Monde à propos de la nouvelle génération de réalisateurs. La preuve, lui-même a fait ses études cinématographiques à l’Institut africain d’études cinématographiques de Ouagadougou (INAFEC) où il a obtenu un diplôme d’Etudes générales. Reçu brillamment comme major de sa promotion, le cinéaste renforce ses connaissances, après un séjour en ex-URSS, à l’Université de Paris I Sorbonne, option cinéma. Suivront un Diplôme d’Etudes approfondies (DEA) en 1981 et un diplôme de l’Institut des Hautes études cinématographiques (IDHEC, Paris) en 1985. Né à Banfora dans la région des Cascades en 1954, Idrissa Ouédraogo laisse une filmographie impressionnante et une génération de cinéastes inconsolables.
Alassane KERE
Sidwaya |