L’épouse du chef de l’Etat, Sika Kaboré a présidé, le mercredi 7 mars 2018 à Ouagadougou, un panel placé sous le thème de la célébration de la de la 161e Journée internationale de la femme : «La participation de la femme à la gouvernance : Etats des lieux, défis et perspectives».
L’innovation de la commémoration du 8-Mars cette année est l’instauration d’un dialogue direct avec le président du Faso. Les femmes entendaient à ce rendez-vous formuler des recommandations au président pour l’amélioration de leurs conditions de vie, d’où la tenue d’un forum préparatoire, le mercredi 7 mars 2018 à Ouagadougou sur le thème : «La participation de la femme à la gouvernance : Etats des lieux, défis et perspectives». En présence de l’épouse du chef de l’Etat, Sika Kaboré, et de centaines de femmes venues des 13 régions du pays, deux experts ont traité le sujet disséqué en deux sous-thèmes. C’est d’abord, le directeur général des libertés publiques et des affaires politiques, Aristide Béré qui a entretenu le public sur les défis de l’application de la loi du 16 avril 2009 qui impose au moins 30% de l’un ou l’autre sexe sur les listes électorales aux élections législatives et municipales. Après 9 ans d’application, il a relevé que la loi a accouché d’un paradoxe perceptible dans la sphère politique et la gouvernance participative où la représentativité des femmes peine à s’exprimer. «Alors qu’elles sont 51,7% de la population, seulement 10,23% des députés sont des femmes dans la législature actuelle et 2,43% des maires», a-t-il regretté. En plus, il a révélé que les statistiques du Ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (MATD) montrent que sur 81 formations politiques ayant participé aux élections législatives de 2015, seulement 33% ont respecté le quota de 30%. Pour expliquer ce décalage entre le droit et les faits, M. Béré a pointé du doigt la faible capacité financière des femmes, leur petite représentativité dans les partis politiques, la nature patriarcale de la société burkinabè qui confine la femme à la maternité et aux tâches ménagères, la perception négative de la femme politique, l’option de scrutin de listes pour les élections législatives et municipales qui favorise peu le jeu individualisé. «Cela a pour conséquence le contrôle du choix des candidatures par les staffs décisionnels des partis politiques. A ce niveau, le poids du militantisme des femmes dans les instances des partis est faible donc elles sont peu ou mal positionnées», a-t-il développé.
Les bonnes nouvelles du PNDES
En outre, il a incriminé des insuffisances de la loi notamment l’absence d’un processus de positionnement des candidats sur les listes de candidatures, d’une part, et, d’autre part, le caractère non dissuasif de la sanction appliquée en cas de non-respect du quota (perte de la moitié de la subvention pour la campagne qui est de 76 000 F CFA par député). A l’entendre, une meilleure participation des femmes à la gouvernance nécessite une appropriation de la loi par les leaders des formations et partis politiques, l’adoption de la liste zébrée (positionnement homme/femme et vice versa), la capacitation économique de la gent féminine…En plus de ces recommandations, des participantes ont demandé le rejet systématique des listes qui ne respectent pas le quota, l’augmentation du budget alloué à leur ministère. Face à ces sollicitations, le deuxième panéliste, Alain Siri a estimé que la faible participation des femmes aux instances de décision pourrait prendre fin grâce à une bonne exécution du Plan national de développement économique et social (PNDES) dont il est le Secrétaire permanent. Dans son exposé sur les défis de l’autonomisation économique inclusive des femmes dans la mise en œuvre du PNDES, il a indiqué que le référentiel de développement propose un nouveau contrat social où tout le monde a accès à l’éducation et un à emploi. Il a également précisé que de nombreux projets sont prévus pour le développement et l’épanouissement de l’autre moitié du ciel. Qu’à cela ne tienne, la ministre en charge de la femme, Laurence Ilboudo a soutenu qu’il est impérieux que la couche sociale la plus importante de la population ait une autonomie financière et soit bien représentée dans les instances de décisions. «A cet effet, la loi sur le quota genre doit être relue. En attendant cela, les recommandations du panel et celles des foras régionaux seront soumis au président et sur son instruction, mon département veillera à ce qu’elles soient exécutées», a-t-elle soutenu. La Première dame, Sika Kaboré a pour sa part invité les femmes à s’impliquer dans la mise en œuvre du programme politique du président qui a mis «la femme au cœur de ses préoccupations».
Eliane SOME
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