Il faut croire que ces pyramides égyptiennes sont finalement infranchissables pour les Etalons. En demi-finale de la Coupe d’Afrique des Nation 2017, le Burkina Faso est en effet tombé face à l’Egypte à l’issue de l’insoutenable séance des tirs au but (3-4). Après 90 mn de jeu et 30 de prolongation, les deux équipes n’avaient pu se départager, puisqu’au splendide but du sociétaire de l’AS Roma Mohamed Salah à la 65e minute a répondu la réalisation tout aussi splendide de l’attaquant de l’ASEC d’Abidjan Aristide Bancé 7 minutes plus tard.
La revanche de 98 n’aura donc pas eu lieu. Il y a presque 20 ans, les nôtres étaient tombés, on s’en souvient douloureusement, au même stade de la compétition face aux mêmes Pharaons, lors de la CAN que le Burkina Faso abritait. Vingt ans après donc, l’histoire s’est répétée, même si c’est dans des conditions tout à fait différentes. Hier au stade de l’Amitié sino-gabonaise de Libreville, les poulains du coach Paulo Duarte ont en effet tout de suite pris le jeu à leur compte, dominant presque de bout en bout leurs adversaires, mais l’ouverture du score est pour ainsi dire intervenue contre le cours du jeu. Ecœurant ! Mais cela n’a pas suffi à démoraliser la troupe venue du Faso qui réussit a vite faire son retard.
Nous avons joué, nous avons dominé mais au bout du compte, ce sont les protégés d’Hector Cuper qui se qualifient pour la finale, en direction d’une possible huitième CAN. Il faut donc croire que ces pyramides égyptiennes sont un obstacle trop haut pour notre onze national.
Comment ne pas être déçu quand on voit que l’affaire était à portée de sabot pour les Etalons ? Comment ne pas être déçu quand on voit la qualité de leurs prestations depuis le début de cette compétition ? Jusque-là en effet, on a vu le capitaine Charles Kaboré et ses camarades rigoureux, appliqués, bien organisés et surtout très calmes, ne paniquant presque jamais même quand ils étaient menés au score. Preuve sans doute qu’ils sont psychologiquement forts. Et c’est ce mental qui leur a permis sans doute d’égaliser hier et d’obliger Essam El Hadary, le portier égyptien, à concéder son unique but jusque-là dans ce tournoi. Oui, on est déçus mais on n’a pas le droit d’être amers. On ne va pas se mettre à brûler les idoles que tout de suite on idolâtrait, car les garçons n’ont pas démérité, bien au contraire.
On ne jouera donc pas, après 2013, cette deuxième finale qui nous tendait pourtant les bras. Ce sera pour une prochaine fois. Mais sans vouloir blâmer qui que ce soit, il faudra bien qu’on nous dise pourquoi dans cette fatidique épreuve de tirs au but on a cru bon de faire tirer l’excellent jeune gardien burkinabè Hervé Kouakou Koffi en 4e position, avec tous les risques que cela comportait. Que des gardiens soient souvent retenus pour cette séance, on veut bien ; mais de mémoire d’amoureux du ballon rond, c’est presque toujours en dernière position qu’ils tirent, pour ne pas courir le risque de se déconcentrer ou de se décourager s’ils venaient à rater. Mais bon, c’était le choix de l’équipe. Et de Zico à Cristiano Ronaldo, en passant par Michel Platini et Roberto Baggio et tutti quanti, les plus grands ont parfois manqué cet exercice. C’est la loi du football.
Les Etalons ne décrocheront donc pas le graal mais ils ont encore une chance de ne pas revenir bredouilles de cette aventure gabonaise, puisqu’ils devront affronter le vaincu de la seconde demi-finale qui opposera aujourd’hui le Ghana au Cameroun. Ce serait certes une maigre consolation si on devait s’adjuger cette médaille de bronze, mais une consolation quand même. Bravo donc au technicien portugais et à ses vaillants Etalons et merci de nous avoir fait rêver !
Mohamed Arnaud Ouédraogo
L'Observateur paalga |