Et voilà le Onze national au sommet de l’Afrique. On n’y croyait pas. La Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2013 a révélé le Burkina Faso à la face du monde. D’Abidjan à Melbourne ou de Lusaka à Mexico, les amoureux du ballon rond, tous ceux qui sont en phase avec l’actualité mondiale, retiendront qu’en Afrique existe un pays qui s’appelle le Burkina Faso. Les Etalons du Burkina Faso ont prouvé que la CAN n’est pas une compétition sportive destinée à conforter des équipes dans leur position d’équipes favorites.
Non ! La CAN n’est pas une chasse gardée. C’est une compétition ouverte dans laquelle chacun peut avoir ses chances. Il suffit parfois d’y croire et de faire comme l’indique Saint Exupéry : « Faire de sa vie un rêve et faire de ce rêve une réalité ». Et les Burkinabè semblent l’avoir compris. D’aucuns retiendront de cette équipe du Burkina Faso sa combativité. Autrefois, l’équipe nationale du Burkina avait ce défaut de baisser les bras dès qu’un but est encaissé, dès que l’équipe est menée. Les poulains de Paul Put semblent avoir compris que seul le travail produit des résultats, seule la combativité permet de surmonter les difficultés et de s’imposer au final. Pour la première fois, le Burkina Faso a vu son hymne national chanté en chœur au moins six fois dans une compétition de haut niveau en l’occurrence, à une CAN des séniors. Ce n’était pas évident. Il fallait être devin pour s’attendre à une telle prouesse.
Les dignes fils du Burkina Faso ont prouvé qu’ils possèdent un mental capable de renverser des montagnes. Logés au départ dans le groupe C, ils ont tenu tête au Nigeria dit pays de football par un match nul (1-1) et par la suite, anéanti les ambitions éthiopiennes en triomphant de la plus belle des manières (4-0), le 25 janvier dernier. L’exploit de taille a été la sortie du tenant du titre à savoir, la Zambie par la même équipe du Burkina Faso, le 29 janvier 2013. Le Togo et le Ghana seront à leur tour éliminés respectivement en quarts et demi-finales par ceux-là mêmes dont les experts du football avaient prédit le retour prématuré au bercail dès le premier tour. Parfois réduits à 10 contre 11, les Etalons ont su puiser au fond d’eux, l’énergie nécessaire pour réaliser l’impossible dans le seul souci de sauver l’honneur et la dignité du Burkina Faso. Oh, quel patriotisme ! Quel exploit ! Quel sursaut d’orgueil ? Malgré les difficultés, en dépit de l’état approximatif du terrain de Nelspruit, les Burkinabè ont su transformer les réalités locales en avantage. Qui l’aurait cru ? “A cœur vaillant rien d’impossible”.
Mais quelles leçons tirer de cette impeccable chevauchée des Etalons ? Elles sont multiples. Primo, tout Burkinabè, où qu’il se trouve, doit faire honneur à sa patrie par son travail et par son courage. Rien ne s’obtient sans effort. Aussi, il faut savoir tirer leçons, voire apprendre de ses échecs ou de ses erreurs.
Secundo, il n’y a pas de victoire solitaire. Au football comme dans la construction du pays, c’est dans l’union sacrée, l’implication de chacun qu’on engrange des victoires. Nous devons retenir que quelles que soient nos divergences, nos convictions politiques, religieuses ou coutumières, il y a toujours un temps pour parler le même langage, pour ramer dans le même sens afin d’œuvrer pour le plus important, pour l’essentiel à savoir, l’intérêt national. Les Etalons l’ont compris et nous ont donné une leçon de courage et de patriotisme. Chaque Burkinabè doit se sentir membre d’une équipe, celle du Burkina Faso et travailler à être le meilleur dans son domaine. C’est chacun pris individuellement et ensemble que nous devons bâtir dignement le pays.
Tertio, le pays gagnerait à consolider les acquis de cette belle prestation des Etalons. Le plus dur ce n’est pas d’arriver au sommet du football africain, mais de s’y maintenir. Si le Burkina Faso veut éviter de replonger dans les échecs à répétition, il devra après la fête footballistique, partager cette belle expérience de la CAN 2013 dans toutes les écoles de football essaimées dans le pays. Il faut que les jeunes pousses s’abreuvent à la rivière des aînés dont certains ne disputeront certainement pas la prochaine édition. L’esprit de combativité, le mental d’acier, l’engagement et le talent doivent être les vertus qu’il faut enseigner aux pensionnaires des écoles de football. « Ce qu’il nous faut, c’est que le niveau de notre football ne recule plus, que nous soyons toujours parmi les 16 meilleures d’Afrique pour la CAN, que nous puissions passer au moins le premier tour. C’est ce que nous souhaitons dans le domaine du football », a indiqué le Président du Faso, Blaise Compaoré. L’homme, qui a toujours cru en son équipe malgré les critiques parfois acerbes de ses propres concitoyens, souhaite « que le football soit toujours au cœur de nos ambitions nombreuses, qu’il soit aussi une dimension de cette grande ambition pour le pays ». Aujourd’hui, nous célébrons la gloire des Etalons. Mais ne perdons pas de vue cette citation de Pierre-François-Pascal Guerlain :« La gloire est éphémère, seule la renommée est durable ». Au-delà de la gloire, recherchons ensemble une renommée pour notre football, c’est cela la grande ambition pour le Burkina en matière de football. Osons croire que le Burkina Faso vient de briser son mythe de Sisyphe lors de cette CAN. Désormais, le pays fait partie des grandes nations de foot (n’en plaise aux détracteurs). Et cette place n’est pas un acquis pour toujours. Elle doit se mériter. Cela passe par l’organisation, la formation, la cohésion, l’amour de la patrie, l’engagement, la détermination, la soif de victoire et de progrès. Ce 10 février 2013, les Etalons dont personne ne vendait cher la peau en cette CAN, a joué et perdu la finale. L’équipe nationale du Burkina a perdu la bataille certes, mais pas la guerre. La lutte continue. Bravo les Etalons ! Vive le Burkina Faso !
Par Rabankhi Abou-Bâkr Zida
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Sidwaya
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