A l’heure où vous nous lisez, l’ultimatum des ravisseurs a expiré et s’ils ont tenue parole, comme on pouvait le craindre, Hervé Gourdel puisque c’est de lui qu’il s’agit, pourrait être passé de vie à trépas sans trop savoir ce qui lui arrive. En allant escalader les sommets dans la région de Tizi Ouzou, ce quinquagénaire français savait bien sûr qu’il rencontrerait des obstacles comme en affectionne tout alpiniste, mais il était loin d’imaginer, pour ce coup-ci, qu’ils seraient de tout autre nature : en effet, il a été kidnappé dimanche soir en Algérie à 120 km de la capitale du pays alors qu'il effectuait une randonnée en compagnie d'amis algériens.
Si ces derniers ont été rapidement relâchés, lui par contre a été retenu captif par des ravisseurs qui ne pouvaient certainement pas espérer une meilleure prise. Car comme prix à payer pour la vie ce nouvel otage, le groupe jihadiste local, Les soldats du Califat, qui a récemment fait allégeance à Daech, a exigé de la France qu’elle arrête ses frappes contre l’Etat islamique, cette nébuleuse commandée par el Bagdadi des confins de l’Irak et de la Syrie.
Comme on le sait, à la suite du président Barak Obama, François Hollande avait annoncé jeudi dernier avoir donné son feu vert pour des frappes aériennes contre cette insurrection qui rêve d’instaurer un califat en Irak et dans tout le Levant. Une annonce qui a été suivie d’effet le jour suivant avec les rafales français entrés en action et détruisant entièrement selon Paris leur objectif.
A défaut d’avoir pu tuer dans l’œuf cette hydre, les puissances occidentales et de leurs alliés aujourd’hui ont la volonté d’en casser les reins pour l’empêcher d’étendre ses tentacules à tout le Moyen-Orient et au Maghreb. En attendant, Paris, à travers ce rapt de Tizi Ouzou, vient d’être soumis à un choix cornélien comme le furent du reste avant lui Washington et Londres dont des compatriotes ont été, sans pitié, exécutés et dans une mise en scène publique dont la barbarie n’a jamais eu d’égale.
Le principe de ne jamais négocier avec les terroristes l’a contraint à rejeter l’ultimatum des ravisseurs d’arrêter ses frappes dans les 24 heures sous peine de voir son ressortissant voué au même sort. Comme on le voit les grandes puissances se retrouvent parfois tenaillées entre négocier avec les preneurs d’otages au risque d’alimenter par la même occasion l’industrie déjà florissante du rapt et camper sur leur irrédentisme avec les conséquences qui peuvent en découler.
Le rapt opéré le week-end dernier en Algérie vient de transposer sur le continent africain une guerre qu’on croyait confinée à l’autre bout du monde, montrant ainsi, si besoin en était encore, qu’aucun pays n’est à l’abri de la folie de ces sans foi ni loi qui pensent pourtant agir au nom d’Allah.
Aujourd’hui c’est le pays de Bouteflika, demain ça peut bien être le Nigeria avec Boko Haram, la Somalie avec el Shebab, la Libye en pleine déliquescence, le Mali voisin ou qui savons-nous d’autre encore. Assurément cette guerre est mondiale, à chacun de s’y préparer.
Abdou Karim Sawadogo
L'observateur paalga |