Simone Gbagbo, l’épouse de l’ancien président ivoirien, qui vivait recluse à Odienné où elle était emprisonnée depuis près de trois ans, a été transférée à Abidjan. C’est ce qu’ont déclaré les autorités ivoiriennes, hier 02 décembre 2014. Cependant, aucune raison officielle n’a été avancée pour justifier ce transfèrement. De quoi irriter les conseils de l’ex-première dame, qui se disent « choqués que Dame rumeur soit plus informée sur leur client qu’eux-mêmes ».
Et d’ajouter : « depuis le début de l’ouverture des assises, le parquet général m’a assuré qu’au moment venu, il m’informerait de comment (sic) elle sera transférée et de son lieu de détention », explique Me Rodrique Dadjé, visiblement remonté. Du côté du pouvoir, le ministère ivoirien de la Justice, des droits de l’Homme et des libertés publiques, indique que le transfèrement de l’ex-première dame avait été décidé en prévision des assises qui doivent s’ouvrir prochainement dans la capitale ivoirienne ; ce qui laisse croire que les conseils de Simone Gbagbo étaient plus ou moins informés du transfèrement de leur cliente. Qui a raison ? Qui a tort ? Difficile de répondre à ces questions. Toujours est-il que jamais la défense et le parquet n’ont parlé le même langage. La première comme son nom l’indique, reste toujours sur la défensive, si elle ne fait pas parfois dans la surenchère. Tandis que le second, fort de son pouvoir, fait tout pour sauver les apparences, au risque de se voir accusé de parjure. Cela dit, tout le monde, en Côte d’Ivoire et même au-delà des frontières du pays, sait bien que Simone Gbagbo n’étant pas une prisonnière de droit commun, son procès pourrait provoquer un chahut homérique en Eburnie, au point même d’éclabousser le régime du président Alassane Ouattara.
L’idéal aurait voulu que Simone Gbagbo fût assistée de ses conseils
Car, faut-il le rappeler, Simone Gbagbo n’est pas n’importe qui. En plus d’être l’épouse de l’ancien président Laurent Gbagbo qui, même déchu, a toujours de la cote, Simone Gbagbo est et demeure la première vice-présidente du Front populaire ivoirien (FPI), et ce jusqu’au prochain congrès qui verra le renouvellement des instances du parti. C’est peu de dire que le dossier Simone Gbagbo embarrasse au plus haut point les autorités ivoiriennes qui ont donc choisi de s’entourer de précautions, elles qui savent qu’elles marchent sur des œufs. Peut-être est-ce pour cette raison qu’elles ont décidé de transférer en catimini l’ex-première dame à Abidjan, afin de parer à toute éventualité. Cela pourrait participer d’une stratégie politique, même si elle peut se révéler périlleuse. Car, on le sait, si aujourd’hui, l’ex-première dame, pour une raison ou pour une autre, venait à se plaindre du moindre malaise, les dirigeants ivoiriens seraient plus que gênés aux entournures. Car la défense n’attend que la moindre occasion pour seriner la vieille rengaine de justice des vainqueurs. L’idéal aurait voulu que, pour plus de transparence, Simone Gbagbo, lors de son transfèrement, fût assistée de ses conseils, s’il est vrai qu’elle a été transférée à la surprise générale. Cela aurait pu couper court à toutes sortes de supputations, d’autant plus que Simone Gbagbo, contrairement à certains de ses camarades du FPI tels Affi N’Guessan, Michel Gbagbo, Abou Dramane Sangaré, etc., n’a pas eu la chance de bénéficier de la liberté provisoire. Pourtant, rien ne dit qu’elle a fait plus de mal que tous ceux-là qui ont été élargis et qui, aujourd’hui, continuent de tirer à boulets rouges sur le président Ouattara. En tout cas, à défaut d’assouplir les conditions de détention de l’ex-première dame, les autorités ivoiriennes feraient mieux d’organiser son procès dans les tout prochains jours et de travailler à ce que le droit soit dit.
Boundi OUOBA
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