Grand Bassam, Abidjan et la Côte d’Ivoire toute entière se sont réveillées ce lundi sous le choc après le coup de massue asséné la veille par Aqmi dans la célèbre station balnéaire. Et comme au lendemain des attaques du Cappuccino et du Splendid hôtel deux mois plus tôt à Ouagadougou, on en est encore à la guerre des chiffres. De combien d’assaillants était composé le commando terroriste ?
Disposaient-ils de complicités ? Combien de temps a duré l’attaque ? Trois quarts d’heure à en croire les plus hautes autorités ivoiriennes. Quel en sera le bilan définitif bien lourd qui aurait pu être bien plus lourd, vu le nombre d’assassins et la plage de temps dont ils ont disposé avant la riposte. En effet, la fusillade de dimanche aura fait 18 victimes dont 15 civils et de nombreux blessés selon un bilan encore provisoire.
Ainsi, comme bien d’autres pays avant elle, la Côte d’Ivoire devra désormais composer avec la menace terroriste. Incarnée cette fois- ci par un commando suicide d’al-Qaida au Maghreb islamique AQMI qui, depuis ses origines dans les montagnes de Kabylie, a fait bien du chemin. L’ex-Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) a écumé le Sahara, le sahel avant de jeter son dévolu sur les plages ivoiriennes.
En tout cas, la riposte ne s’est pas faite attendre avec l’intervention rapide des forces spéciales, contre les assaillants qui ont tous été «neutralisés». Aussitôt, un comité interministériel conduit par le ministre de l’Intérieur Hamed Bakayoko et le ministre de la Défense Alain-Richard Donwahi s’est mis en place avant la tenue d’un Conseil des ministres extraordinaire ce lundi.
Et comme dans tous les pays qui ont connu pareille tragédie, la riposte s’organise. En fait de Conseil des ministres, c’est un véritable conseil de guerre qui s’est tenu hier au siège du pouvoir ivoirien avec à la clé le renforcement du plan de lutte antiterroriste qui passe au «niveau rouge» d’alerte nationale et toute une batterie de mesures telles que des opérations de «ratissage profond» autour de la station balnéaire, le renforcement de la sécurité dans des lieux stratégiques comme les écoles, les représentations diplomatiques et les centres
C’est la moindre des choses après ce qui s’est passé ce dimanche après midi sanglant. Mais on ne peut s’empêcher de se demander s’il y avait la possibilité d’anticiper voire même d’empêcher cette attaque. Plus facile à dire qu’à faire.
Mais une chose est sûre, c’est que ces mesures sécuritaires auront au moins le mérite de rassurer les populations. Aujourd’hui la Côte d’Ivoire se mobilise. Mais on ne le dira jamais assez, la lutte contre le terrorisme ne sera pas gagnée par un Etat en particulier. Des pays comme la Côte d’ivoire et le Burkina déjà unis selon une litanie bien connue, par la géographie, l’histoire, la démographie etc. le sont désormais par l’ennemi commun.
Alors pour enfin noyer les terroristes dans la lagune Ebrié, on gagnerait à dissiper les nuages politico judiciaires qui subsistent encore entre les deux capitales, pour se serrer les coudes en établissant une franche collaboration basée entre autres sur la mutualisation de l’arme fatale que représente de nos jours le renseignement.
H. Marie Ouédraogo
L'Observateur paalga |