Quatre jours ! C’est le temps que passera le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, en République centrafricaine, où il est en visite depuis hier mardi 24 octobre 2017. Ce n’est pas tous les jours qu’un patron de la maison de verre de Manhattan passe autant de temps dans un pays, étant donné que son agenda est particulièrement surbooké.
C’est dire l’importance que Guterres accorde à cette visite et l’urgence des problèmes auxquels il doit faire face.
Pouvait-il trouver d’ailleurs meilleur symbole que cette journée des Nations unies, célébrée le 25 octobre de chaque année, pour aller au chevet d’un pays en quête d’une paix durable depuis des lustres ?
Théoriquement, la RCA est censée être sortie de la guerre civile avec l’élection de Faustin-Archange Touadéra en 2016. Mais force est de reconnaître qu’il ne s’agit là que d’une paix fourrée quand, par moments, ce sont des régions entières qui s’embrasent de nouveau, comme ce fut récemment le cas de Bria, Zemio, Bocaranga et Pombolo, Alindao-Bangassou, pour ne citer que ces localités.
Alors que l’on assiste à une recrudescence de la violence, la Mission onusienne en Centrafrique (MINUSCA) est l’objet de tirs nourris de toutes parts, incapable qu’elle est, malgré ses 10 000 hommes, d’endiguer la crise alors que son mandat doit être renouvelé le mois prochain.
Des Casques bleus d’ailleurs plus agiles de la braguette que de la gâchette, englués qu’ils sont dans d’innombrables scandales d’abus sexuels, parfois sur des mineurs.
Une MINUSCA prise entre le marteau des civils qui l’accusent de ne rien faire pour les protéger et l’enclume des miliciens qui la prennent souvent pour cible et qui, rien qu’en 2017, ont tué une douzaine de ses membres.
Sans oublier cet autre drame que l’illustre hôte centrafricain connaît très bien pour avoir été haut-commissaire de l’ONU pour les réfugiés puisque l’une des conséquences de l’effondrement de la situation sécuritaire, ce sont les 500 000 réfugiés et 600 000 déplacés que le conflit a occasionnés jusque-là.
Hélas, malgré l’ampleur du drame et l’urgence de sa résolution, « la crise centrafricaine est une crise oubliée », presque orpheline, de l’avis même de celui qui est parti toucher cette réalité du doigt.
Si lui-même l’affirme, on ne peut que le croire et espérer qu’après y avoir pris ses quartiers et mesuré l’ampleur de la catastrophe, il mobilisera davantage la communauté internationale pour sortir enfin le pays de l’ornière.
Et pour cela, il faudra plus que le renfort annoncé des 900 Casques bleus. Car rien ne sert de grossir les rangs de la MINUSCA si c’est pour que les soldats de la paix aillent s’adonner à la luxure et au farniente.
Avec le docteur Guterres qui vole ainsi au secours du grand corps malade qu’est la RCA, si les signes cliniques ne s’améliorent pas dans les prochains jours, il y a de quoi craindre le pire. Si pire il peut y avoir dans «cette crise oubliée».
Alain Saint Robespierre
L'Observateur paalga |