Elus, le 30 janvier dernier, lors de la 28e session ordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine (UA), les dirigeants des différentes instances de l’organisation panafricaine ont officiellement prêté serment, hier 31 juillet 2017, à Addis Abeba, la capitale éthiopienne. Cette cérémonie placée sous la présidence du nouveau président en exercice de l’UA, Alpha Condé, a acté le retour officiel du Royaume du Maroc dans l’institution, après plus de 30 ans d’absence.
Après deux jours de travaux les chefs d’Etat et de gouvernement présents à la 28e session ordinaire de l’Union africaine (UA) ont décidé de donner un souffle nouveau à leur organisation. A l’unanimité, ils ont décidé de reformer les instances de l’Union pour son bon fonctionnement et pour une grande efficacité de ses actions. De ce point de vue, les chefs d’Etat ont décidé de donner une nouvelle orientation à l’organisation panafricaine et de trouver les moyens pour le financement de ses activités. Du rapport du président rwandais, Paul Kagamé, sur la réforme de l’institution, il a été demandé que l’organisation s’inscrive dans une dynamique de son autofinancement. Dans cette optique, le sommet a décidé que 0,2% des importations hors zones Afrique soient payés par les Etats pour pouvoir assumer leur cotisation. Les chefs d’Etat ont souhaité l’élaboration d’une feuille de route pour l’autonomisation des jeunes, des femmes et des jeunes filles tout en investissant sur les projets porteurs d’emploi. Selon les dirigeants, sur les 1500 résolutions prises par l’UA, la majorité n’a pas été mise en œuvre par l’Union. Aussi, pour son financement, elle fait recours aux organisations internationales pour eux, il est temps pour elle de s’émanciper pour répondre aux ambitions que les pères fondateurs avaient fixé à sa création.
La clôture du sommet a été marquée par la prestation de serment du nouveau président de la commission de l’institution, le Tchadien, Moussa Faki Mahamat, de son vice-président, le Ghanéen, Kwesi Quartey. A ceux-ci, se sont adjoints, les six commissaires de la commission de l’Union avec en tête, la Burkinabè, Minata Samaté qui a officiellement en charge les questions politiques de l’Union. Sous l’��gide du président en exercice de l’UA, Pr Alpha Condé, et devant, les 53 chefs d’Etat et de gouvernement, ils se sont succédé, tour à tour, à la tribune pour jurer de servir, fidèlement et conformement aux textes l’UA pour un mandat de quatre ans. Dans leur serment, ils ont aussi dit qu’ils exerceront en toute loyauté, les fonctions et responsabilités qui leur ont été confiées. A Alpha Condé, ils ont dit que dans leurs missions, les décisions qu’ils prendront ne seront influencées par aucun chef d’Etat. Quant au commissaire chargé des technologies et celui des ressources humaines, leur élection suivie de leur prestation de serment a été reporté pour la prochaine session ordinaire des chefs d’Etats. Car les élections n’ont pas permis de désigner des personnes pour ce poste. A cette cérémonie de prestation de serment, l’un des actes forts a été aussi l’ « acceptation » officielle du Royaume du Maroc au sein de l’Union, 32 ans après son retrait suite à la reconnaissance en 1984 par l’Organisation de l’unité africaine (OUA) de la République autonome du Sahara démocratique (RASD), un territoire qu’il revendique.
Le Maroc retrouve la « famille »
Prenant la parole, le roi du Maroc, Mohamed VI, a traduit sa gratitude à ses pairs qui ont permis à son pays de regagner la « famille ». Sous un tonnerre d’applaudissements, il a affirmé qu’il est toujours bon de rentrer « chez soi » après une longue absence. « L’Afrique est mon continent et ma maison. Je rentre enfin chez moi. Vous m’avez tous manqué », a soutenu le souverain marocain. C’est pourquoi, à ses « chers frères » chefs d’Etat, il a signifié que sans attendre la finalisation des formalités juridiques et protocolaires au terme desquelles, son royaume siégera de nouveau au sein de l’Organisation, il a tenu à effectuer le déplacement de Addis Abeba. Pour sa réintégration au sein de l’Organisation, son pays a bénéficié de soutiens de plusieurs pays. Pour lui, cela témoigne de la vigueur des liens qui nous unissent. A l’entendre, le retrait de son pays de l’OUA était nécessaire. Il leur a permis de recentrer l’action du Maroc dans le continent, de mettre aussi en évidence, combien l’Afrique est indispensable au Maroc et vice-versa. « Il est l’heure de rentrer à la maison, au moment où, le Royaume compte parmi les nations africaines, les plus développées et pendant qu’une majorité des pays aspire à notre retour. Nous avons choisi de retrouver la famille que nous n’avions pas véritablement quittée», a expliqué Mohamed VI. Malgré les années où ils étaient absents des instances de l’UA, leurs liens n’ont jamais été rompus, mais sont restés puissants, a-t-il clamé. Car les pays frères ont toujours pu compter sur leur soutien. « Nous avons toujours été présents, quant, il s’est agi de défendre la stabilité du continent. Depuis notre indépendance, nous avons participé à six opérations de maintien de paix en Afrique. Dans mon pays, plusieurs opérations de régularisation de la situation des migrants subsahariens ont été lancées. La première phase a permis à 25 000 personnes d’en bénéficier », a argumenté le roi du Maroc. Toutes ces actions, a-t-il confirmé, s’inscrivent dans l’élan de solidarité et l’humanisme qui caractérise l’Afrique. Concernant les tractations qu’a suscitées sa demande de réintégration de l’UA, il a reconnu que cela n’a pas créé l’unanimité au sein de ses pairs. Mais loin du peuple marocain l’idée de diviser les Etats. A l’entendre, lorsque le Royaume siégera de manière effective et qu’il pourra apporter sa contribution à l’agenda des activités de l’UA, son action concourra, au contraire, à fédérer les pays membres. « Nous avons participé à l’avènement de cette belle institution panafricaine. Aujourd’hui, il est temps, naturellement de regagner notre place », a insisté Mohamed VI. L’accueil chaleureux, a-t-il déclaré, que lui a été réservé par ses frères en témoigne.
Le rayonnement de la diplomatie burkinabè
Le roi du Maroc a invité les présidents à donner un élan nouveau à l’Afrique. D’ores et déjà, son pays a choisi la voie de la solidarité, l’union et la paix. Pour le président en exercice de l’UA, Alpha Condé, quels que soient, les divergences des membres de leur Union, ils resteront solidaires. Car, selon ses dires, ce sommet a montré au monde que l’esprit qui a été à la base de la création de l’OUA, c’est-à-dire, le panafricanisme renaît de toute sa splendeur. Il a félicité la présidente sortante de la commission de l’UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, qui a aussi permis aux Etats membres durant son mandat d’être solidaires et de « marcher ensemble comme un seul homme ». De l’avis du président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, c’est une bonne nouvelle que le Maroc soit revenu dans la famille africaine. « Quels que soient les problèmes, qu’il y a dans une famille, l’adage dit toujours que le linge sale se lave en famille. C’est avec enthousiasme et conformément à nos textes, que nous avons répondu positivement à cette demande d’adhésion du Maroc », a clarifié le président du Faso. Il a ajouté : « l’unité des Africains est une nécessité. Sur cette question de la réintégration du Maroc, il y a beaucoup de discussions au front politique, à cause des problèmes du Sahara Occidental. Mais nous pensons que nous ne pouvons pas trouver de solutions tant que nous ne sommes pas ensemble. Donc forcément, il faut que le Maroc puisse réintégrer l’UA pour que nous puissions discuter entre nous pour montrer que l’Afrique a les capacités de résoudre ses propres problèmes ». L’esprit qui a conduit toute la démarche de réintégration vise à ce que les Africains assument leur responsabilité et non pas pour « se battre » au sein de l’UA, a expliqué M. Kaboré. De ce point de vue, a-t-il indiqué, chacun apportera sa part contributive pour une solution vraie et définitive sur le conflit entre le Maroc et le Sahara Occidental qui n’a que trop duré. Pour le chef de l’Etat burkinabè, ce sommet a été largement positif pour son pays. « Nous avons brillamment, par le biais de Minata Samaté été élu au poste de commissaire des affaires politiques. Le juge Pascal Bamouni, a été élu au sein du comité consultatif de lutte contre la corruption». Et de poursuivre : « c’est l’image de marque du Burkina qui a permis d’obtenir ces résultats avec succès »… Il s’est dit satisfait car, les objectifs visés ont été atteints
Abdel Aziz NABALOUM
Envoyé spécial à Addis-Abeba (Ethiopie)
Sidwaya |