Le président du Faso séjourne actuellement aux Etats-Unis, où il doit participer du 8 au 10 juin 2016 à une réunion organisée par les Nations unies sur la lutte contre le VIH/Sida. Occasion pour Roch Marc Christian Kaboré de s’entretenir avec les Burkinabè de New York sur diverses questions.
C’est devenu une tradition, les déplacements du chef de l’Etat à l’étranger sont des moments mis à profit pour communier avec ses compatriotes résidant dans ces pays sur des sujets nationaux et sur leurs conditions de vie dans leur pays d’accueil. Ce fut de nouveau le cas au pays de l’Oncle Sam, où le vote des Burkinabè de l’extérieur est revenu sur le tapis. Et le président du Faso de les assurer «qu’en 2020, qu’il pleuve ou qu’il neige, ils vont voter».
Actualité oblige, les libertés provisoires accordées aux anciens dignitaires ont également été au centre des discussions. Roch Marc Christian Kaboré : « La séparation des pouvoirs n’est pas la Grande Muraille de Chine ; nous sommes un Etat et chacun ne peut pas se cloisonner pour travailler dans son coin sinon on n’aboutira à rien.
Nous avons constaté à un moment donné des libérations provisoires par la justice. D’abord à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou, notamment des maires accusés de vente abusive de parcelles. Ces libérations interviennent sans que la justice communique pour donner des explications cohérentes sur les raisons de ces décisions.
C’est la même chose au niveau de la justice militaire. Quand j’ai cherché à comprendre l’état de l’évolution des dossiers pendants à la justice, les juges m’ont répondu que vu la séparation des pouvoirs, ce n’était plus de mon ressort de connaître de ces affaires de justice. Que ce serait une immixtion. Je leur ai dit que pour le dossier Thomas Sankara par exemple, Mme Sankara, demande une contre-expertise. Les juges me répondent que ce n’est pas à elle de demander une contre-expertise, c’est à la justice d’en décider. »
La liberté provisoire dont ont bénéficié certains hommes politiques de l’ex-parti au pouvoir n’est pas du ressort de l’exécutif. «Mais concernant le cas d’Eddie Komboïgo, on nous a dit qu’il est tombé deux ou trois fois parce qu’il a la tension et qu’il faut qu’il parte suivre un contrôle médical», a-t-il souligné. Et le premier magistrat de rappeler que l’exécutif avait voulu un suivi médical en prison mais «lorsque la discussion s’est menée en justice, les juges ont estimé que c’est une raison valable pour le laisser rentrer chez lui. Nous voyons aujourd’hui que les changements que nous avons opérés au niveau de la justice posent de réels problèmes entre la confiance que les citoyens attendaient de moi et la justice elle-même. C’est un problème que nous gérons. Demain si d’autres disent qu’ils ont mal au ventre ou ailleurs, à la longue, tout le monde sera dehors. En tout état de cause, notre position est que tous ceux qui sont concernés par le coup d’Etat ou autres seront jugés. Nous avons demandé à la justice militaire de tout faire pour qu’avant la fin de cette année, tous ces problèmes soient réglés».
Comme à son habitude, le président n’a pas fait dans la langue de bois face à ses interlocuteurs. Il s’est également prononcé sur le changement de république. « Nous devons passer à une Ve République pour marquer la rupture, parce que la IVe république a montré des failles. La Ve République va nous permettre de limiter définitivement le nombre de mandats présidentiels à deux ; de consacrer un Parlement monocaméral, de juger de la nécessité de garder certaines institutions et surtout de rééquilibrer le pouvoir entre l’exécutif et le Parlement afin que le chef de l’Etat ne soit pas omniscient».
Sur le plan économique, la situation est grave, a affirmé le président tout en assurant qu’il va prendre ses responsabilités. «Nous avons un budget qui sera déficitaire de l’ordre de 300 milliards de F CFA», a-t-il également précisé.
Synthèse faite par Harold Alex Kaboré (Stagiaire)
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