On ne pourra plus dire que les autorités burkinabè ne font rien ; que certains ministres, notamment ceux en charge de la Défense et de la Sécurité, font plus dans la fanfaronnade que dans le concret ; que les forces de défense et de sécurité sont dépassées par les évènements comme en témoigne l’aveu du chef d’état-major général des armées en personne, Oumarou Sadou, lors de la clôture de l’édition 2017 de l’exercice militaire multinational «Flintlock» le 16 mars dernier.
En tout cas, s’ils dormaient, ils se sont réveillés ! On en a eu la preuve le vendredi 24 mars 2017 avec la conférence de presse donnée par le ministre de la Sécurité, Simon Compaoré, flanqué du chef d’état-major de la gendarmerie, le colonel Tuandaba Marcel Coulibaly ; de son adjoint, le colonel Serge Alain Ouédraogo, et du directeur général de la police, Lazare Tarpaga. C’est un Simon Compaoré presque joyeux, et qui pour peu aurait marché sur les eaux, qui a fait le point de la lutte antiterroriste.
Selon le décompte macabre, 70 personnes ont perdu la vie au cours de 20 attaques perpétrées par les « fous d’Allah ». Le plus sanglant de ces raids meurtriers reste l’attaque contre le café-restaurant Cappuccino et le Splendid Hotel le 15 janvier 2016, laquelle a laissé sur le carreau trente morts.
Du côté des forces de défense et de sécurité, le bilan le plus lourd reste la débâcle de Nassoumbou, 12 éléments du Groupement des forces antiterroristes (GFAT) ayant péri pendant l’attaque de leur camp au petit matin du 16 décembre 2016 par le groupe Ansarul Islam du prêcheur radical Malam Dicko devenu, c’est peu de le dire, l’ennemi public numéro 1.
Mais si Simon était aux anges lors de sa conférence de presse, c’est surtout parce que, pour une fois, il avait un chiffre reluisant à présenter : plus de 70 personnes ont été interpellées dans le cadre des différentes enquêtes. A cela, il faut ajouter l’élimination d’Harouna Dicko, dont la nature des liens avec Malam reste à préciser.
Il y a donc des choses qui se font et des résultats qui sont obtenus. Même si on ne peut pas le crier chaque jour ni sur tous les toits. En convoquant la presse, c’est d’abord le message que le premier flic du Burkina a voulu faire passer. Il entendait clouer le bec à tous ceux qui instruisent depuis longtemps un procès en incapacité contre les dirigeants.
Il s’agissait sans doute aussi, alors que la psychose s’installe au sein des populations du Sahel, particulièrement dans le Soum, de redonner confiance aux Burkinabè dont le moral était dans les chaussettes ces derniers temps. C’est donc bon pour le moral, aussi bien de la troupe combattante que du citoyen lambda.
Pour autant, l’inénarrable Simon le sait très bien, on aurait tort de penser qu’on a gagné la guerre juste parce qu’on vient de remporter une bataille. Ce n’est pas demain en effet qu’on sortira de ce cycle infernal où les arrestations et les liquidations de présumés djihadistes alternent invariablement avec des mesures de représailles de la nébuleuse islamiste. En attendant, on ne va pas bouder notre plaisir, pour une fois qu’on nous exhibe des trophées de guerre, même si on n’a pas vu d’images comme «preuve de mort» d’Harouna Dicko.
Hugues Richard Sama
L'Observateur paalga |