La Conférence internationale sur la technologie du biodigesteur s’est achevée, le jeudi 12 octobre 2017, à Ouagadougou. Une « Déclaration de Ouagadougou », visant une dissémination de la technologie dans la sous-région, a sanctionné les travaux.
Les participants à la Conférence internationale sur la technologie du biodigesteur ont mandaté le Burkina Faso pour assurer le processus de mise en place de l’organe régional de coordination des programmes nationaux de biodigesteurs dans les différents Etats et ce, « au regard de son expérience avérée et de son engagement dans l’organisation de la Conférence ». C’est l’une des principales conclusions des travaux tenus du 10 au 12 octobre 2017 à Ouagadougou. Dans une déclaration dite de Ouagadougou, les participants ont également exhorté le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, à user de son leadership et de son engagement pour faire le plaidoyer auprès de ses pairs et des Partenaires techniques et financiers (PTF) en vue de la mise en œuvre effective, d’ici à fin 2019, des programmes nationaux de la technologie du biodigesteur et de leurs structures de coordination. De plus, ils ont lancé un appel aux Etats de la sous-région pour renforcer et mettre à l’échelle des résultats, des programmes nationaux de biodigesteurs en cours d’exécution. La Déclaration de Ouagadougou a, par ailleurs, invité les Etats à institutionnaliser la Conférence internationale sur la technologie du biodigesteur. Le président du Partenariat pour le biogaz en Afrique (ABP), Jean Marc Sika, a rappelé que la technologie a fait ses preuves en Asie. La Conférence internationale de Ouagadougou, initiée par le gouvernement burkinabè, a-t-il dit, est la preuve que l’Afrique a pris en main son destin en se donnant les moyens de décider de la marche de l’histoire. Parrain de la Conférence, le président de la commission de l’UEMOA, par la voix de son représentant, le Pr Filiga Michel Sawadogo, a salué la tenue de cette rencontre qui a mis en exergue les pratiques endogènes d’adaptation au changement climatique et de lutte contre leurs effets néfastes. « L’un des défis majeurs auxquels est confrontée l’agriculture dans les Etats-membres de l’Union est de devoir nourrir la population croissante de la région dans un contexte de variabilité et de vulnérabilité climatiques, marqué par la disparition des ressources naturelles », a-t-il précisé. Pour relever ce défi, a expliqué Michel Filiga Sawadogo, la Commission de l’UEMOA a élaboré en 2001, une politique agricole communautaire dont l’un des axes majeurs d’intervention est l’adaptation des systèmes de production et l’amélioration de l’environnement de la production.
Innover dans les systèmes de production
Dans cette recherche de solution, a estimé M. Sawadogo, le Burkina Faso innove et montre la voie à suivre en s’engageant dans la vulgarisation à grande échelle de la technologie du biodigesteur à usage domestique avec des résultats tangibles. Cette technologie, a-t-il soutenu, promeut une agriculture basée sur l’exploitation des ressources locales, la protection de l’environnement, et favorise un meilleur accès des ménages ruraux à une source d’énergie autre que le bois de chauffe ; d’où la décision du président de la commission de l’UMOA de parrainer la Conférence. Il a rassuré de la disponibilité de l’institution sous régionale à accompagner les différents Etats dans la mise en œuvre de la Déclaration de Ouagadougou. Pour le président du Faso, la promotion de la technologie du biodigesteur dénote d’une volonté de moderniser l’agriculture et de garantir la souveraineté alimentaire dans les pays de la sous-région, parce qu’il s’agit d’éléments-clés dans la réalisation des 17 Objectifs de développement durable (ODD) à l’horizon 2030. Pourtant, a-t-il laissé entendre, la réalisation des droits des populations de ne pas mourir de faim et de manger à leur faim dans la zone ouest-africaine, est confrontée à des contraintes dont la dégradation des sols et la déforestation. « Entre 2002 et 2013, les statistiques indiquent que 5 millions d’hectares, soit 19% du territoire national burkinabè, ont été dégradés … La déforestation à elle seule est à l’origine d’une perte d’environ 110 000 ha par an », a-t-il notifié. Et de poursuivre que ce sont ces menaces qui interpellent les dirigeants à améliorer le statut nutritionnel des populations qui croissent plus vite que les productions alimentaires nationales dans un contexte de changement climatique. La solution demeure, selon lui, dans des mutations en profondeur dans les systèmes agro-sylvo-pastoraux de production en renforçant leur ouverture aux innovations, comme la réalisation en cours de 40 000 biodigesteurs au Burkina Faso. « La Déclaration de Ouagadougou nous conforte dans la justesse du choix stratégique du Burkina Faso, d’œuvrer à une mise en échelle aux plans national et sous régional de la technologie de biodigesteur domestique », s’est félicité le chef de l’Etat. Le biodigesteur domestique contribue à l’amélioration de la qualité de vie chez la femme et la jeune fille rurale, à leur autonomisation ainsi qu’à la création d’emplois verts, entre autres. Tout en rassurant les différentes délégations à œuvrer à sa promotion de concert avec ses pairs, le président du Faso a réaffirmé l’engagement de son gouvernement à maintenir la subvention à la construction du biodigesteur pour en faciliter l’accès. A la fin des travaux, la société la plus performante en construction de biodigesteur, l’Entreprise coopération Sahel/Dori et la meilleure cliente, Assétou Koutou ont reçu des attestations.
Jean-Marie TOE
Sidwya
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