Décédé le 17 novembre 2017 à Abidjan en Côte d’Ivoire, la dépouille de l’ancien Premier ministre, Youssouf Ouédraogo est arrivée hier, lundi 4 décembre 2017, dans la capitale burkinabè. La Nation lui a rendu un hommage à Ouagadougou pour sa contribution au développement de son pays pendant les trois décennies d’engagement politique.
L’enceinte de la Primature a connu une ambiance particulière empreinte d’émotions hier, lundi 4 décembre 2017 dans la soirée. En effet, la nation a rendu un hommage à l’ancien Premier ministre, Youssouf Ouédraogo, décédé le 17 novembre 2017, en présence du Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, du Premier ministre, Paul Kaba Thiéba, des présidents d’institutions, des acteurs du monde politique. Parti à l’âge de 64 ans, Youssouf Ouédraogo, selon le représentant de la famille, Robert Ouédraogo, a consacré sa vie au développement de son pays depuis les années de la Révolution. Cette disparition, a-t-il poursuivi, est venue plonger encore le «grand Yatenga» dans la douleur après les décès successifs de Salifou Diallo et de Bernard Lédéa Ouédraogo. Le Premier ministre, Paul Kaba Thiéba, dans son discours d’hommage a indiqué que l’homme que tout le peuple burkinabè pleure, est un valeureux fils du pays qui s’est battu pour le développement de la mère-patrie. C’est pourquoi, il a salué la mémoire d’un homme d’Etat et d’un serviteur du Faso, unanimement respecté, et dont le parcours remarquable restera un exemple pour les générations futures.
«Ta disparition prématurée nous a surpris, tant tu rayonnais de vitalité pour tous ceux qui ont eu la chance de te rencontrer au cours de ces derniers mois. Elle nous plonge dans une lourde tristesse et elle constitue pour notre pays, une lourde perte. Tu es parti les armes à la main, en plein combat, le combat pour le développement de ton pays et de l’Afrique. En cet ultime instant, où tu t’apprêtes à rejoindre ta dernière demeure, je voudrais te traduire toute la reconnaissance du gouvernement et du peuple burkinabè», a indiqué Paul Kaba Thiéba devant la dépouille de Youssouf Ouédraogo. Et d’ajouter : «Saches que les sillons que tu as tracés ne disparaîtront jamais car les générations actuelles et futures poursuivront le dur labeur ; elles s’inspireront de ton exemple, de ta rigueur, de ton sens du devoir et de ton patriotisme. Youssouf Ouédraogo, tu vis et tu vivras éternellement dans le cœur des Burkinabè». Pour le chef du gouvernement, le Burkina Faso vient ainsi de perdre l’un de ses fils les plus méritants qui a servi l’Etat et la patrie avec abnégation, loyauté et constance durant toute sa vie. Il a présenté à la famille du disparu les condoléances du gouvernement et de toute la Nation entière avant de rappeler la carrière qu’il a qualifiée de bien remplie de l’ancien Premier ministre.
Trois décennies d’engagement
Né le 25 décembre 1952 à Tikaré, dans la Région du Centre-Nord, Youssouf Ouédraogo a réalisé un parcours scolaire et universitaire sanctionné par l’obtention d’un doctorat en sciences économiques à l’Université de Dijon en 1982. Après cette consécration intellectuelle, il a entamé une carrière d’enseignant à l’Université de Ouagadougou. «Brillant technicien, il a rapidement été appelé au gouvernement pour occuper le poste de ministre de la Planification et du Développement, dans le premier gouvernement révolutionnaire. Il occupa cette fonction jusqu’au 31 août 1985. A ce poste, il fut un grand réformateur car il a été l’un des artisans de la conception et de la mise en œuvre du Programme populaire de développement (PPD) dont nous sommes tous les héritiers aujourd’hui», a soutenu le chef du gouvernement. Le 4 septembre 1987, Youssouf Ouédraogo est appelé à occuper le poste de ministre de la Coopération. Après les évènements d’octobre 1987, il restera à ce poste dans le premier gouvernement du Front populaire. Il fut ensuite appelé à la présidence du Conseil révolutionnaire économique et social (CRES) qu’il transforma par la suite en Conseil économique et social (CES).
Le point culminant de cette brillante et exceptionnelle carrière, à entendre Paul Kaba Thiéba, fut sa nomination au poste de chef du gouvernement, à la faveur du retour à l’ordre constitutionnel, à l’issue des élections présidentielles de décembre 1991. Il occupa cette fonction jusqu’au 22 mars 1994. «Commença alors pour Youssouf Ouédraogo une carrière de diplomate. En effet, à partir d’octobre 1994, il servit loyalement son pays, successivement comme ambassadeur du Burkina en Belgique, au Royaume Uni, au Luxembourg, au Pays-Bas et auprès de l’Union européenne. Youssouf Ouédraogo est de nouveau rappelé au gouvernement en 1999 en qualité de ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, poste qu’il occupa jusqu’en 2007», a affirmé le Premier ministre. De la période révolutionnaire jusqu’en 2007, il aura consacré plus de trois décennies de sa vie au service du gouvernement, avant d’être appelé au siège de la Banque africaine de développement (BAD) à Abidjan, en qualité de conseiller spécial du président de l’institution. Youssouf Ouédraogo a été élevé à titre posthume à la dignité de Grand croix de l’Ordre national.
Lassané Osée OUEDRAOGO
Sidwaya
Réactions d’anciens camarades
Kadré Désiré Ouédraogo, ancien Premier ministre, ancien ambassadeur : «C’est avec une grande émotion que nous assistons au départ d’un valeureux fils du Burkina Faso, un frère et un ami. Youssouf Ouédraogo fut un promotionnaire du lycée Philipe Zinda Kaboré, un collègue ancien Premier ministre et ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement que j’ai dirigé à partir de 1999. Depuis lors, nous sommes restés en contact dans la sphère internationale et il a abattu un travail énorme pour le pays qu’il a tant aimé. Je présente mes condoléances à la famille, que son âme repose en paix.»
Jean-Baptiste Ilboudo, ancien ambassadeur : «Je suis étreint par l’émotion parce que ce fut un jeune frère au lycée et un ancien collègue. Nous avons servi ensemble en Europe, lui à Bruxelles et moi à Bonn. Nous étions, de petit frère à grand frère, plus que liés. C’est quelqu’un qui était toujours à la tâche et pour le peu que nous avons fait pour ce pays, il a travaillé sans arrière-pensée et abnégation. C’est une personnalité que nous perdons et c’est un regret.»
Yéro Boly, ancien ministre et ancien ambassadeur: «C’est un grand commis de l’Etat, un patriote et un collaborateur exceptionnel. Dans le service rendu à la Nation, Youssouf Ouédraogo a fait montre d’une grande exemplarité dans toutes les fonctions qu’il a occupées. Je garde de lui, l’image d’un haut cadre de l’Etat, d’un commis irremplaçable. Tout ce que nous avons appris de lui doit être une source d’inspiration pour les générations futures.»
Propos recueillis par L.O.O |