Avant et jusqu’à une date récente, le Burkina Faso avait la triste réputation d’être le canard boîteux des classements des pays faits par les organismes internationaux. Et ce, dans plusieurs domaines tels que : - l’Indice de développement humain (IDH) du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) où le pays des hommes intègres nage depuis des années dans les fonds abyssaux ; - la perception de la corruption de Transparency International où notre place n’est guère reluisante ; - et même dans le classement FIFA où notre onze national évolue à la yoyo.
Mais l’un des mauvais élèves du PNUD est capable de prouesse dans bien d’autres domaines, notamment dans celui de la liberté de la presse.
En effet, on peut désormais s’enorgueillir d’un autre classement qui vient conforter la bonne image dont jouit le monde des médias burkinabè à l’échelle continentale et même internationale où tous sont unanimes à reconnaître son dynamisme et sa relative indépendance à l’égard des pouvoirs politiques.
Sauf que cette bonne réputation a été entachée le 13 décembre 1998 par l’assassinat de notre confrère Norbert Zongo. Un drame qui a laissé une tache de sang indélébile dans les pages de l’histoire de la presse au Burkina.
Mais depuis ce temps, les journalistes burkinabè sans se laisser intimider sont au contraire allés à l’assaut des citadelles qui limitaient encore le plein exercice de leur profession. Un refus d’embrigadement qui leur vaut aujourd’hui des lauriers.
Quoi ? Vous ne voyez toujours pas de quoi nous parlons ? Eh bien, l’ONG Reporters sans frontières (RSF) vient de publier son rapport 2015 sur l’état de la liberté de la presse dans le monde. Et, tenez-vous bien, le Burkina gagne six places dans ce classement (où il est 46e sur 180 pays classés). Et ce n’est pas tout. Rapporté aux pays d’Afrique francophones, le Pays des Hommes intègres décroche ainsi la plume d’or.
Autre motif de satisfaction : même l’Amérique, « pays de la liberté », arrive troisième après le Burkina Faso. Pour une fois qu’on dame le pion à l’Oncle Sam, on ne va pas bouder notre plaisir.
Une belle victoire collective qui est à mettre à l’actif de tous ! D’abord des journalistes eux-mêmes, car la liberté se conquiert, et nos hommes et femmes de média se sont battus pour repousser les limites du carcan qui les enserrait ;
ensuite des autorités, qui sont à féliciter pour avoir mis en place un cadre juridique et réglementaire, même imparfait, pour accompagner l’exercice de la profession et pour s’être abstenues de procès à répétition et de toute forme d’intimidation qui auraient pu brider la presse ;
et enfin de la société civile et des populations, qui ont su jouer leur partition dans la lutte quotidienne pour plus d’espaces de liberté.
Le mérite de cette première place revient donc à toute la Nation burkinabè. Reste maintenant à maintenir le rang et, pourquoi pas, à améliorer notre classement.
Hyacinthe Sanou
L'Observateur paalga |