A la fin de l’année 2003, le gouvernement a adopté un décret rallongeant de 5 ans le départ à la retraite. Le groupe de militaires retraités de 2004 à 2015 qui été dans la rue le 24 janvier 2017 ont fait savoir que l’application dudit décret n’a pas été effectif dans leur corps. Ils disent n’avoir bénéficié que d’une année de plus. Ils voulaient à travers cette sortie rencontrer le ministre de la Défense, Roch Marc Christian Kaboré, qui était en mission à Niamey au Niger, pour réclamer une indemnité compensatoire pour les 4 autres années. Une chose est claire, Ousmane Badini, vice-président du collectif des militaires et gendarmes retraités, et ses frères d’armes ne comptent pas badiner si rien n’est fait.
Ironie du sort ! Hier c’était eux qui faisaient les barrages pour empêcher les gens d’atteindre les zones rouges, aujourd’hui c’est eux qu’on essaie de contenir pour que ça ne déraille pas. Eux, ce sont les militaires et gendarmes retraités de 2004 à 2005 réunis en collectif. Dans la matinée du 24 janvier, en treillis sur le « boulevard Blaise Compaoré », il était porteur d’un message à leur ministre de tutelle. Leur marche sera freinée par ceux qu’eux-mêmes ont appelés leurs enfants : les jeunes gendarmes. Difficile d’aller plus loin. Le messager du secrétaire général du ministère de la Défense leur demande de déléguer 4 personnes pour venir transmettre leur mot. Le collectif n’entend pas les choses de cette oreille. Il veut avancer en rangs serrés. « Non, pourquoi ? Nous ne sommes pas là pour la violence, on va tous y aller », lance un dans la foule. Après une vingtaine de minutes de discussion, ils finissent par accepter ce modus operandi. L’attente commence et c’est le moment pour certains de vomir tout ce qu’ils ont dans le vendre. Florilège : «Vous laissez des militaires pour recruter des enfants et les faire tuer pour rien. Ceux-ci là, (NDLR : les gendarmes sur place), que peuvent-il faire? », « A notre temps, tout le monde respectait notre armée, les situations que nous vivons ne pouvaient pas arriver. On maîtrisait les choses », « Vous êtes nos enfants (Ndlr : en regardant les gendarmes) et on ne vous veut aucun mal ; autrement si on dégage tout le monde, malgré le fait que vous êtes armés, on vous fait ce qu’on veut », « Vous voulez nous traiter comme des moins que rien, nous ne sommes pas d’accord », « Nous on n’a peur de rien. Nous avons fait la guerre de Noël », « C’est le SG, Moné Alassane, qui bloque nos papiers ». Arrêtons-nous là. L’adjudant-chef à la retraite Yaba Karfo s’approche de nous et plus sagement nous fait comprendre que leur revendication n’est pas bénéfique à eux seuls, mais aussi à leurs enfants et petits-fils qui sont dans l’armée. Et d’indiquer que parmi eux, il y a des compétences qui peuvent être toujours utiles.
Retour triomphal des émissaires
Plus de deux heures et c’est toujours le statut quo. Les uns et les autres se demandent ce qui se passe avec leurs émissaires. Mais tout compte fait « il y aura pas ‘’bandon’’ (abandon) de poste, on est là ». Dans la foule, un jeune coq se promène entre le véhicule des forces de défense et la ceinture de sécurité formé. Il picore par-ci, par-là. Un retraité tente de nous faire comprendre qu’il a été envoyé par un des leurs. « Il y a de vieilles personne ici. Regardez l’espace, il y a rien à se mettre sous la dent, mais il cherche à manger.» Comme pour nous dire que la présence de cet oiseau dépeint la situation dans laquelle ils vivent. Un autre ajoute que « si quelqu’un s’en prend au coq, il va mourir ». Après la si longue attente, les missi dominici sont là. Ils sont accueillis en triomphe par leurs frères. A en croire leur porte-parole, Ousmane Badini, le secrétaire général du ministère de la Défense a apprécié le pacifisme avec lequel le mouvement s’est mené. Il leur a promis par la suite de transmettre leur message au ministre. C’est sur cette note d’espoir que chacun rejoindra son domicile. Par ailleurs, le collectif prévient que si dans les jours à venir rien n’est fait, il ressortira, a mais cette fois plus fort, car il fera appel à l’ensemble des retraités des 45 provinces du pays.
Akodia Ezékiel Ada
L'Observateur paalga |