C’est fait. Désormais, il faut l’appeler université Norbert Zongo. C’est le haut représentant du chef de l’Etat, Moumina Shériff Sy, qui a prononcé le discours d’officialisation et qui a découvert la stèle matérialisant ce baptême. C’était le jeudi 30 novembre 2017 en présence du ministre de l’Enseignement supérieur, Alkassoum Maïga, de nombreuses personnalités du monde universitaire et de la presse, des représentants de la famille de Norbert Zongo, d’organisations de défense des droits humains ainsi que d’étudiants de l’ANEB qui, brandissant des pancartes réclamant justice pour Norbert Zongo, ont donné de la voix tout au long de la cérémonie.
Cette cérémonie a été celle des vérités, des répliques crues. Sans langue de bois. Chacun, au cours de son intervention, a dit les choses comme il l’entendait ; une liberté d’expression qui correspond bien à Norbert Zongo, celui dont le nom est gravé désormais sur le fronton de cette 2e université du pays créée en 2005 et comptant près de 20 000 étudiants et stagiaires.
Le souffle de Norbert Zongo, ou Henri Sebgo, a plané sur la cérémonie. «Le tourbillon qui a traversé cet espace n’est autre qu’Henri Sebgo. Norbert Zongo est bien présent dans l’assistance avec nous», a déclaré le ministre Alkassoum Maïga. C’était au cours de son allocution. Mais avant lui, et après la lecture du décret de baptême faite par son vice-président, Frédéric Ouattara, le président de l’université Norbert Zongo, Nicolas Barro, a remercié le président du Faso, les différentes autorités, la famille de l’illustre disparu et tous ceux qui ont contribué à ce que ce baptême se fasse.
Pour lui, la communauté de l’université de Koudougou accueille avec grande fierté cette initiative qui est une marque d’attention pour leur institution. Retraçant le parcours de Norbert Zongo et son obsession pour la vérité, le Pr Nicolas Barro a indiqué que son nom et sa lutte vont désormais constituer la référence et le symbole de l’institution. «J’invite l’ensemble de la communauté universitaire à prendre exemple sur cet homme», dit le Pr Barro.
«Vous avez perpétué la mémoire de Norbert Zongo pour les générations futures. Mais nous voulons connaître la vérité. Nous voulons que la lumière et la justice soient faites pour notre fils», a réagi Victor Zongo, porte-parole de la famille de Norbert Zongo. Selon ses dires, la mère de notre confrère avait donné son accord pour que l’université porte le nom de son fils.
Les étudiants, par la voix de Justin Nébié, ont estimé qu’après ce baptême, les autorités universitaires doivent prendre des mesures afin que ce temple du savoir soit digne de ce leader que fut Norbert Zongo. Cela par la qualité des enseignements, la disponibilité des professeurs, des infrastructures et la bonne gouvernance. «Le plus grand hommage qu’on rendra à Norbert Zongo, c’est la justice», relève Justin Nébié.
Le ministre Alkassoum Maïga a mis son discours de côté pour tenir un langage de vérité à l’assistance, faisant fi des répliques, des réactions et des petits mots des étudiants. Morceaux choisis : «Nous n’avons pas voulu mettre fin à la marche vers la justice en acceptant que cette université soit baptisée au nom de Norbert Zongo», «Vous pouvez douter de moi parce que je suis du gouvernement, mais vous n’avez pas le droit de traiter de vendues des personnes comme Halidou Ouédraogo, Shériff Sy, Me Bénéwindé Sankara, Smockey et bien d’autres qui sont ici et se battent afin que justice soit faite pour Norbert Zongo» ; «Vous pouvez protester, mais vous ne pouvez pas m’empêcher de dire ce que je veux» ; «A celui qui a crié à bas, bien sûr que je descendrai. Mais ça sera après mon discours. Je descendrai à votre niveau, mais pas plus bas que vous ».
Le ministre Alkassoum Maïga a indiqué qu’en décidant de donner le nom du supplicié de Sapouy à cette université, le gouvernement envoie un signal fort à la jeunesse burkinabè afin qu’il lui serve de repère.
Le haut représentant du chef de l’Etat, Moumina Shériff Sy, a débuté son intervention en condamnant l’attitude des étudiants qui continuaient de donner de la voix alors qu’on chantait l’hymne national. Son témoignage a permis à plus d’un de mieux connaître Norbert Zongo, sa vie, son combat, les valeurs qui étaient les siennes, son parcours professionnel. «Soyez dignes de porter le nom de cet illustre fils du Burkina. Soyez les continuateurs de son œuvre. C’est ainsi qu’ensemble, nous continuerons à exiger vérité et justice pour Norbert Zongo et ses compagnons», a déclaré M. Sy.
La coupure du ruban symbolique, la remise de toges, la visite de chantiers de construction ont aussi été des temps forts de cette journée.
Cyrille Zoma
L'Observateur paalga |