Le ministère de la Sécurité a organisé, le vendredi 16 février 2018 à Ouagadougou, la cérémonie de présentation publique de l’appui de l’Union européenne au projet Identification, rapprochement, analyse de police (IRAPOL). Fonctionnel depuis 2015, ce projet a permis de construire une plateforme bâtie sur un système d’information mutualisé au profit de l’ensemble des acteurs de la sécurité intérieure.
La montée en puissance des menaces extrémistes, de la délinquance et des risques informationnels ces dernières années au Burkina Faso a éprouvé les méthodes traditionnelles de maîtrise et de gestion du phénomène de l’insécurité. Dans la perspective de se donner les capacités de gérer un ensemble complexe de facteurs, allant de la petite criminalité au grand banditisme en passant par les émeutes et les incivilités, le ministère de la Sécurité a lancé le projet Identification, rapprochement, analyse de police (IRAPOL) en 2013, a soutenu son coordonnateur, François Ouédraogo. Il est appuyé par l’Union européenne, à travers le Projet d’appui à la sécurité intérieure au Burkina Faso (PARSIB) à hauteur d’environ 268 millions de F CFA. La présentation publique de cet appui a été faite, le vendredi 16 février 2018, au Commissariat central de police de Ouagadougou. IRAPOL, a expliqué son coordonnateur, se dessine comme l’outil informationnel global sur lequel reposera la stratégie nationale de sécurité intérieure, en vue de renforcer les performances dans la maîtrise du phénomène de l’insécurité, de systématiser la collaboration des acteurs, d’optimiser l’interopérabilité des systèmes et de réduire les coûts en partageant les ressources. Officiellement lancée le 15 janvier 2015, la mise en œuvre du Projet a déjà engrangé, selon François Ouédraogo, des « acquis majeurs » notamment le développement de l’applicatif métier de police judiciaire et sa mise en exploitation, le développement en cours de l’applicatif métier de Garde de sécurité pénitentiaire (GSP), la réalisation de salles techniques et l’installation de serveurs dans les entités police, gendarmerie et GSP. Le Projet aura également permis la réalisation de huit dispositifs techniques de fourniture en énergie continue de plus de 48 h d’autonomie, l’interconnexion de 25 services de gendarmerie, police et GSP par l’installation de 12 pilonnes et d’antennes, la formation de plus de 1 000 agents et la saisie en cours de toutes les affaires de police judiciaire de 1960 à nos jours, entre autres.
Une dotation complémentaire à venir
En terme chiffré, ce premier module d’IRAPOL a permis, foi de M. Ouédraogo, de traiter près de 362 000 requêtes, d’enregistrer plus de 72 000 affaires de police judiciaire dont 223 relatives à des actes terroristes, plus de 17 000 personnes et 63 522 objets dont 55 000 engins, 5 494 armes et 541 animaux. Comme François Ouédraogo, le directeur régional de la police nationale du Centre, Joseph Toni, a espéré que le Projet sera étendu à l’ensemble du territoire national et à même de recevoir et de traiter efficacement toutes les plaintes des villes et campagnes du pays. Pour le chef de la délégation de l’Union européenne au Burkina Faso, Jean Lamy, l’appui de son institution, aux lendemains des attaques terroristes de 2016 à Ouagadougou, vise à appuyer le pays dans ses capacités de défense face à la menace terroriste. Le PARSIB, a-t-il dit, vise également à accompagner le Burkina Faso dans sa réforme du système de sécurité intérieure à travers notamment la mise en œuvre des recommandations de son Forum national sur la sécurité. Et pour cause, a soutenu Jean Lamy, le système d’échange d’information alliant réalité du terrain et modernité est une partie des réponses aux défis de coordination de la lutte contre le terrorisme, entre autres. Tout en rappelant que ce système doit garantir le respect des libertés individuelles, le chef de la délégation de l’Union européenne a salué l’accompagnement de ce projet par la Commission informatique et des libertés (CIL). Quant à l’extension de IRAPOL à tout le pays, il a rassuré que l’Union européenne va continuer, renforcer et étendre l’appui au réseau du projet à travers le Programme de gestion des espaces des frontières (PROGEF) avec une dotation complémentaire de plus de 2 milliards de F CFA. « L’Objectif de ce projet est de renforcer le maillage et l’interopérabilité des acteurs impliqués dans la sécurisation des frontières du Burkina Faso en coordination avec les pays limitrophes », a annoncé Jean Lamy. Pour sa part, le ministre de la Sécurité, Clément Sawadogo a salué cette « solidarité agissante » de l’Union européenne. Cet appui, a avoué le ministre, permet aux forces de sécurité intérieure, d’accomplir aisément leur mission de police judiciaire avec diligence et efficacité. « Il permettra à n’en point douter, de réduire à terme, le taux de criminalité dans notre pays », a-t-il ajouté, avant de féliciter l’unité de coordination de l’IRAPOL pour les résultats auxquels ils sont parvenus en « si peu de temps ».
Jean-Marie TOE
Sidwaya |