Le déroulement des récents événements au Burkina Faso laisse croire que, n’eût été la main divine, le pays des hommes intègres aurait sombré dans la crise voire la guerre civile. Dans l’écrit ci-après, Luc Kourouma se laisse aller dans les actions de grâce en disant que le RSP, qui constituait une équation insoluble par la terreur qu’il inspirait, a été vaincu par Dieu contre toute attente. Pour cela, il conclut que le Burkina, qualifié de pauvre est pourtant riche de Dieu. Lisez plutôt !
La main de Dieu. Il y a aussi et surtout eu la main de Dieu dans les événements aussi incroyables qu’ahurissants que vient de vivre le Burkina Faso. Parce que le monde vit désormais sans Dieu et que l’Afrique généralement et le Burkina Faso singulièrement croit en Lui, on peut ainsi noter la part du surnaturel divin dans le destin de ce peuple qu’on qualifie de pauvre, mais qui est pourtant riche de Dieu et de sa dignité. C’est pourquoi, en tant que croyant sans honte et sans complexe, je souhaite rendre grâce à l’Eternel Dieu, le Tout-Puissant, pour l’action dirigée par son Saint Doigt.
Alors que la question du RSP était une équation quasiment insoluble, tant ce corps de notre armée inspirait la terreur, tant l’homme qui l’a créé sous la houlette de son mentor de président et qui l’a dirigé depuis sa création à maintenant était craint pour motif que son nom est lié au sang et sa vie écrite de sang, alors que le débat sur la dissolution du RSP engendrait une prudence calculée par peur de la part des femmes et hommes politiques à l’exception de quelques-uns, Dieu Lui, préparait contre toute attente la solution.
Premier acte : Il a frappé d’aveuglement le général et les officiers de ce régiment pour qu’ils perpètrent ce coup d’Etat, tout en pensant qu’ils étaient au-dessus du peuple et des lois burkinabè. Avec nos sentiments humains, nos peurs et nos doutes et notre peu de foi, nous avons commencé à invoquer Dieu, à L’interroger parfois sur son silence et sa providence et même à L’accuser quelquefois d’injustices et de non-assistance à peuple en danger.
De même des enfants et des jeunes mouraient de même que des chefs de famille et des femmes enceintes. Aussi, tout cela parce que les blessés se comptaient par centaines et que l’économie du pays s’affaissait vertigineusement. Ceci parce que la veuve qui vivait de son fagot de bois et l’orpheline de la vente de ses fruits se mouraient lentement de faim et de soif.
En plus les malades désespéraient de survivre parce qu’on brûlait des studios de nos talentueux artistes et que d’autres étaient arrêtés ou obligés d’entrer en clandestinité. Enfin des maisons étaient incendiées et saccagées. Nous nous demandions alors qui nous sauvera de ce désastre ? Et à la manière de Jérémie, nos lamentations sont allées de la terre au Ciel, et du Ciel vers la terre la réponse est arrivée.
Deuxième acte : l’entrée en scène de l’armée. Celle que nous avons longtemps cru une « armette», couarde et vacillante a brusquement retrouvé une surprenante vaillance qui a redonné espoir et vie à un peuple meurtri et déboussolé.
Nous attendions tous la vengeance ; nous avons espéré dans nos pensées polluées, impatientes et vengeresses que notre salvatrice armée nous exhiberait quelques corps de ces mythiques soldats du RSP (qui ont osé tirer sur des innocents) pour nous consoler de nos morts tués gratuitement et méchamment. Mais nous avions oublié que Dieu ne se nourrit pas de vengeance.
Ses solutions à Lui ne sont pas écrites forcément de sang sinon Il ne serait plus Dieu, il ne serait pas différent de ce général aux mains maculées de sang et qui manque de pardon tout en voulant le pardon du peuple.
Troisième acte : cet accord signé entre le RSP et l’armée qui consacre intelligemment et sans effusion de sang le démantèlement du RSP. Dieu insondable. Tu as amené de souveraineté un régiment militaire à se faire hara-kiri. Et le mythe du RSP tomba !
Mon garde-à-vous à Dieu
Et nos élections dans tout ça ? Ne nous plaignons pas de leur report, car Dieu fait convenablement toute chose en son temps. Si nous allions aux élections avec l’épée de Damoclès, pardon, du RSP sur nos têtes, la probabilité que ses élections soient confisquées au motif qu’elles ont été truquées était élevée. En fonction du candidat victorieux le risque de rejet par le RSP était grand.
Le signe avant-coureur de ce péril est cette présumée fraude de 5 000 cartes d’électeur. Je suis l’un de ceux qui pensent en leur for intérieur que cette opération de fausses cartes a été montée de toutes pièces par le RSP et les partis politiques qui lui sont favorables pour justifier le coup d’Etat. En effet, l’on est toujours à se demander comment un parti politique désireux de frauder pourrait manquer d’intelligence au point de choisir un cyber (lieu public) pour fabriquer de fausses cartes électorales et une gare routière pour les transporter ? Oui, c’est trop gros pour être vrai. Donc là aussi du malheur est sorti le bon, à savoir le report des élections pour permettre la dissolution de l’épouvantail.
Il y a eu aussi un miracle pour nos bien-aimés frères musulmans dont la précieuse fête de la Tabaski a failli pâtir de ces événements malheureux. De justesse l’obstacle a été levé à la veille de cette importante fête.
Même ce que nous appelons les erreurs de Macky Sall furent un gain pour notre pays parce qu’elles ont suscité plus d’indignation, plus de protestations et plus de clameurs au point de décider notre courageuse armée à bander les muscles et avec elle, la communauté internationale.
Tous méritent donc le merci et la reconnaissance du Burkina. De l’intérieur l’on peut citer le digne et valeureux président du CNT, Chérif Sy, les intrépides animateurs des mouvements citoyens dont certains comme Smockey qui ont perdu des biens et d’autres comme Sams’K le Jah qui ont été emprisonnés et la fière jeunesse burkinabè dans son entièreté et nos braves et valeureux syndicats.
De l’extérieur l’on peut dire merci à la CEDEAO, à l’Union africaine, à l’Union européenne, aux ambassadeurs de France et des Etats-Unis. Mais à Celui qui n’est ni de l’intérieur ni de l’extérieur, à Celui qui est là-haut dans les cieux, l’on doit donner gloire, honneur et actions de grâces. Il a permis des évènements et fabriqué d’autres en six jours et le 7e jour Il envoya le dénouement et se reposa de ses admirables œuvres. Alléluia ! Quelqu’un a dit que le Burkina est un pays de surprises et de miracles. Qui croyez-vous en être à l’origine ?
Dieu Tout-Puissant, bien sûr. Tant pis donc pour ceux qui ne croient pas en Dieu et tant pis pour les peuples qui Le renient. Mais heureux le Burkina dont l’Eternel est son Dieu. Et le président Michel Kafando l’a lui-même reconnu, qui a fait cas dans son discours de longues chaînes de prières continues.
Ah ! J’oubliais un dernier acte divin. Après tout cela Dieu ouvrit les yeux du Général pour qu’il vît sa diabolique œuvre : « Je déplore dans un premier temps, les différentes victimes ; il y a eu de nombreux blessés ; ça c’est le plus grand regret. Il y a eu des dégâts matériels (…). Le putsch, c’est du temps perdu, je le reconnais, des moyens perdus, je le reconnais, ce sont des vies humaines de perdues, je le reconnais ». Trop tard mon Général Gilbert Diendéré. Ainsi advient-il de tous ceux qui croient en la violence et aux forces occultes. Bonne suite mon Général…avec la justice et l’histoire. Quant à Toi mon Seigneur et mon Dieu, veuille recevoir mon garde-à-vous ; celui que l’on fait généralement à un Général.
Issaka Luc Kourouma
L'Observateur paalga |