Cher Wambi, Moins d’une semaine seulement après que j’ai annoncé l’invasion de la cité par les fourmis ailées et les signes avant-coureurs de la fin de la saison des pluies, les oiseaux migrateurs, qui se faisaient encore attendre, en colonnes couvrées, ont attesté la fin de celle-ci en cette soirée du mardi 13 octobre 2015. Malgré tout, les sorciers du ciel ont encore ouvert l’œil et le bon, comme en témoignent les relevés de pluie de la semaine dernière.
Dori : 1,1 mm ; Ouahigouya : 52,5 mm ; Ouagadougou-aéro : 3,5 mm ; Dédougou : 11,6 mm ; Fada N’Gourma : 22,6 mm ; Bobo-Dioulasso : 34,8 mm ; Boromo : 6,6 mm ; Pô : 2,8 mm ; Gaoua : 20,4 mm ; Bogandé : 0,5 mm.
Tu t’en souviens certainement au regard de l’impact que l’événement a eu sur le quotidien des populations de Pissila, dans le Sanmatenga et ses environs : dans la nuit du 24 au 25 septembre 2015, des individus sans foi mettaient le feu à la radio Manegmoogo et blessaient grièvement le vigile qui en assurait la sécurité. Depuis, que de compassion dont celle du CSC dont la première responsable a effectué un déplacement sur les lieux pour constater les faits et remonter le moral des victimes ! Quelques jours plus tard, on apprenait que les enquêtes menées par la police judiciaire avaient conduit à l’interpellation de trois personnes qui étaient gardées en lieu sûr en attendant la suite des investigations. Mais ne voilà-t-il pas que, alors que d’aucuns espéraient un dénouement rapide de l’affaire, les soupçonnés, sur intervention, dit-on, ont été libérés par le juge d’instruction le 14 octobre ? Serait-ce une libération provisoire ? Ou doit-on s’attendre à un remake de 2011 où, suite à un délit similaire reconnu, les auteurs, dont certains se retrouvent impliqués dans le présent dossier, bien que condamnés à la prison ferme, ont continué de jouir de leur liberté, allant même jusqu’à narguer impunément leurs victimes ? En tout cas on est bien curieux de savoir la suite qui sera réservée à la présente.
Cher Wambi, après le climat tout court, parlons maintenant du climat politique qui commence à s’adoucir petit à petit après les journées chaudes de la seconde moitié du mois de septembre. Le coup d’Etat du général Diendéré est en effet derrière nous désormais même si tous les problèmes, sécuritaires entre autres, qu’il a engendrés sont loin d’être résolus, avec notamment ces soldats de l’ex-RSP toujours dans la nature et cette attaque présumée de djihadistes le week-end dernier à Samorogouan qui a fait 7 morts dont trois de nos valeureux gendarmes qui, depuis le début de l’année, paient un lourd tribut à la lutte contre l’insécurité sous toutes ses formes.
Espérons, cher cousin, que le pire est derrière nous et qu’on peut regarder maintenant vers l’avenir dont l’horizon le plus proche est l’organisation des élections couplées présidentielle-législatives qui auraient dû se tenir le dimanche 11 octobre dernier si les renégats n’en avaient pas décidé autrement. En tout cas les différents signataires de la Charte de la Transition, lors d’une rencontre mardi passé au palais de Kosyam, se sont mis d’accord pour le 29 novembre, date que le Conseil des ministres a entérinée dès le lendemain. Le temps donc que les forces de défense et de sécurité, particulièrement sollicitées ces derniers temps, sécurisent un tant soit peu le territoire. La campagne électorale devrait donc s’ouvrir respectivement le week-end du 7 et celui du 14. Prions Dieu maintenant que d’ici là des événements malheureux ne viennent pas à nouveau tout remettre en cause.
Cher Wambi, le putsch mort-né de Golf et de ses affreux n'a pas fini de livrer tous ses secrets, et certaines personnes qui circulent toujours tranquillement à Ouaga pourraient avoir du souci à se faire. J’ai ainsi appris qu’un haut cadre d'une institution de la République se serait affiché comme un acolyte des éléments de l'ex-RSP pendant les journées de plomb vécues à Ouagadougou.
Cet individu en effet n'a pas trouvé mieux à faire que d’offrir ses services pour localiser la Radio de la Résistance. Il a de ce fait, toute honte bue, donné le contact téléphonique d'un technicien de son institution aux hommes du général félon pour que ceux-ci le harcèlent dans le but qu'il collabore à la localisation de la 108.0 FM.
Le refus de ce dernier n'a fait qu'aggraver les menaces à son encontre. N’en pouvant plus, il a fini par se séparer de sa puce pour se barricader chez lui, craignant pour sa vie. Mais notre collabo ne s'arrête pas là. Il appelle lui-même un agent du technicien en question pour lui demander insidieusement des renseignements sur la manière de procéder pour localiser l'émetteur d'une radio quelconque. Là encore, un niet catégorique lui fut opposé, ses interlocuteurs devant se douter qu’il y avait anguille sous roche. La suite des événements a prouvé que lui et ses comparses étaient déterminés à localiser et à détruire cette radio, quitte à marcher sur des cadavres.
Dans leur furie, ils ont en effet effectué une expédition conduite, tiens-toi bien, cher cousin, par une femme sergent sur la radio Laafi de Zorgho. Pourquoi là-bas ? Tout simplement parce que c’est chez Roch Marc Christian Kaboré, le président du MPP par qui tous les malheurs des régimes seraient arrivés. Erreur sur la cible puisque après la destruction au bazooka de cette station, le 108.0 continuait à émettre. Et nos soudards deviennent de plus en plus nerveux.
De retour sur Ouaga, le commando radiophonique du RSP est même allé jusqu’à débarquer, cher Wambi, chez le patron de l’Autorité de régulation des communications électroniques (ARCEP) qui, le pistolet à la tempe, a été obligé d’appeler un de ses techniciens. Celui-ci ne savant trop pourquoi a accouru aussitôt pour être, lui aussi, otage de l’escadron. Et contraint de localiser et de désactiver la fameuse radio.
Malgré tout, cher cousin, les barbouzes voulaient détruire à la roquette le bâtiment qui abritait la station avant d’en être dissuadées par le technicien qui leur a fait comprendre que puisque ça n’émettait plus, il ne servait à rien de tout détruire.
Pour revenir à notre collabo, cher Wambi, le personnel de l'institution, très indigné et déçu de la bassesse du haut cadre, ne souhaite plus le revoir, même en peinture. Et on les comprend. Car cet individu qui tramait en compagnie des putschistes des lendemains sombres pour notre pays est toujours libre de ses mouvements. Les fins limiers de la commission d'enquête du juge Simplice Pooda devraient donc ouvrir l'oeil et ratisser large comme qui dirait pour débarrasser le pays de ces proputschistes camouflés.
Cher Wambi, depuis l’exhumation, en mai 2015, de la dépouille présumée de Thomas Sankara ainsi que de celles de ses douze compagnons d’infortune à des fins d’expertises balistiques et d’identification des corps, tu piaffes d’impatience de connaître la suite de l’affaire.
Eh bien, sache que, depuis le 13 octobre dernier, la tombe de l’icône de la révolution burkinabè a commencé à parler.
En effet, ce jour-là, au siège de la justice militaire à Ouagadougou où il a reçu les familles des victimes, les inculpés et les avocats en charge du dossier, le juge d’instruction militaire François Yaméogo a communiqué les rapports des analyses d’autopsie et de balistique effectuées sur les restes présumés du défunt président du CNR.
Il ressort donc que l’illustre supplicié du 15-Octobre a été criblé de balles d’armes de type relevant de l’armée. Mais ça, on le subodorait déjà, pour ne pas dire qu’on le savait.
Mais la grande question qui reste pendante, c’est de savoir si le corps expertisé est vraiment celui du capitaine Thomas Sankara, Le résultat des tests ADN n’étant pas encore prêt. Mais selon une source très proche du dossier, d’ici à mi-novembre, ce mystère devrait être éclairci.
A l’étape actuelle de l’instruction judiciaire, ce sont neuf personnes qui ont été inculpées. Il s’agit de : Hyacinthe Kafando, aujourd’hui en fuite, Ouédraogo Nabonswendé, Nacoulma Ouampassaba, Traoré Bossobè, Yerbanga Salam, Kafando Simon, Guébré Halidou (le médecin qui a établi le certificat de décès de Thomas Sankara avec la mention : «mort de mort naturelle»), Bancé et Bambara. Ils sont poursuivis pour «assassinat, attentat, recel de cadavre, atteinte à la sûreté de l’Etat, faux en écritures publiques et complicités».
Cher Wambi, même si tu en sais davantage sur l’évolution du dossier Thomas Sankara, je t’ouvre le carnet secret de Tipoko l’Intrigante sur le même homme.
Hier jeudi 15 octobre 2015, les sankaristes ont commémoré le 28e anniversaire de la mort de leur idole. Mais contrairement aux années précédentes, la traditionnelle procession au cimetière de Dagnoen n’était pas au programme de cette journée de souvenir. La raison est toute évidente : les restes de la dépouille présumée du président du CNR ont été exhumés pour des analyses balistiques et des tests ADN, comme tu le sais déjà. Mais cette commémoration, la première après la chute de Blaise Compaoré, a été marquée, entre autres, par une journée de salubrité publique à travers les quartiers de Ouaga, un panel autour de témoignages d’anciens camarades sur la vie de Thom. Sank, un autre sur l’évolution du dossier judiciaire et une projection cinématographique sur le terrain Miramare à Tampouy.
Décidément, l’affaire Guenon, du nom de ce village de Tiébélé où deux familles se disputent à mort la chefferie depuis 2012, ne finit pas de faire parler d’elle. Dernier rebondissement en date dans cette guerre fratricide : cette chasse à l’homme organisée dimanche dernier contre les Liliou dont des membres, refugiés depuis longtemps à Ouagadougou, ont été interdits de remettre les pieds dans le village. Un épisode sanglant (huit femmes blessées à l’arme blanche) dont l’Obs. s’était fait l’écho dans son édition du lundi 12 octobre 2015. Sur ce qui concerne le dossier judiciaire des événements tragiques de 2012 qui avaient fait douze morts dont onze du côté des Liliou, j’ai appris par le procureur du Faso près le Tribunal de grande instance de Manga que l’instruction judiciaire n’est pas encore terminée, contrairement à ce qui avait été écrit par le journal.
Depuis quelques semaines, un nouvel ouvrage est venu enrichir les publications faites par les auteurs burkinabè : Médias et Gouvernance (Le Sel ou le Poison), c’est la deuxième œuvre du fondateur des Editions Le pays, Boureima Jérémie Sigué, après « Faut-il désespérer de l’Afrique »?.
Observateur attentif de la scène politique et de tout ce qui touche au monde de la presse, le journaliste écrivain, à travers son livre, s’adresse en premier lieu à tous Ses frères cadets dans la profession.
Ce livre dont la mise en page est bien faite est un recueil de quelques-unes de ses communications faites à la demande, tout au long des vingt-quatre premières années de son journal. Pour Sigué, ce n’est pas une pépite que chaque lecteur tiendra entre ses mains mais une simple gerbe de pensées et de réflexions dont le socle est lui-même bâti sur le roc du journalisme. Toutefois, précise-t-il, cette anthologie déborde le cadre strict du journalisme pour ouvrir de petites lucarnes sur la gouvernance, le management, les droits humains et la nécessaire intégration des peuples. La diversité des thèmes incite à la lecture et quand on rêve d’avoir une bibliothèque impressionnante, ce livre ne sera pas de trop.
L’USO, l’Union sportive de Ouagadougou, un club de football, vient de libérer une dizaine de joueurs qui n’étaient pas en fin de contrat, mais dont elle juge insuffisant le rendement sur le terrain. Parmi ces exclus, il y a Cheik Aboubacar Ouédraogo. Celui-ci avait d’ailleurs contracté une blessure au genou en septembre 2014, lors d’un match avec les rouge et blanc de Laarlé et avait dû prendre en charge les frais du scanner et également recourir aux soutiens familiaux pour se soigner, sans que son club, avec lequel il évoluait, ne joue sa partition.
Nonobstant cela, sur l’ensemble des salaires prévus pour la saison, lui et les joueurs libérés cumulent des impayés. Entre-temps, ils ont appris que les arriérés de salaire étaient disponibles. Par contre, ils ont vite déchanté lorsqu’une fin de non-recevoir leur a été opposée le 12 octobre dernier au motif que seuls les athlètes retenus pour la saison 2015-2016 pouvaient passer à la caisse. Les déflatés ne baissent pas pavillon. Certains sont entrés en contact avec le président du club, Emmanuel Rapademnam ; là encore sans qu’ils aient eu gain de cause.
Le club, par la voix de son premier responsable, souligne à ce niveau que ce n’est pas un refus de payer les arriérés de salaire, mais plutôt parce que sa trésorerie ne lui donne pas la possibilité de solder tous les salaires impayés. Maintenant, il attend le versement de la subvention du mois de juillet de la Fédération burkinabè de football pour convier les recaler à venir émarger.
Pour ce qui concerne la question du licenciement abusif, le président du club unioniste estime qu’un joueur libéré avant la fin du contrat n’a pas de droits, car en cas d’insuffisance de rendement, il n’y a pas de dédommagement. Il en est de même pour les frais médicaux où rien n’est prévu pour soutenir un joueur. On fait avec les moyens du bord.
L'Observateur paalga |