Après analyse de la mise en œuvre des engagements du gouvernement, l’Unité d’action syndicale a opté de mettre la pédale douce dans sa menace de recourir à la grève pour se faire entendre. Une désescalade qui pourrait être rompue si la récente lettre des travailleurs à leur ministre de tutelle ne produit pas les effets escomptés. C’est ce qui ressort de la conférence de presse animée, le 25 mai 2016 à la Bourse du travail de Ouaga, par les leaders syndicaux.
«Si en fin avril, les engagements ne sont pas effectivement mis en œuvre et si dans ce même délai un échéancier pré- cis ne nous est pas communiqué, nous allons déposer un préavis de grève de 48 heures assorti d’un autre préavis de 72 heures au cas où la première grève n’aura pas abouti à la satisfaction de la plate-forme », avait prévenu l’Unité d’action syndicale lors d’une conférence de presse animée le 19 avril 2016 à Ouagadougou. Un mois après, les lignes ont bougé et cette menace n’est plus d’actualité, car le gouvernement a, le 29 avril, remis un chronogramme d’exécution des engagements avec les résultats suivants : les deux décrets de la loi 081 ont effectivement été finalisés et adoptés ; l’arrêté portant procédures de traitement et modalités de liquidation de la retenue pour fait de grève a été amendé par le comité ; la session du cadre de concertation tripartite s’est tenue, et la Commission consultative du travail s’est réunie.
Trois des rencontres ont été effectivement tenues: celles concernant la finalisation des textes qui doivent permettre les reversements dans la nouvelle loi 081, la relecture de l’arrêté conjoint portant procédures de traitement et modalités de liquidation de la retenue salariale pour fait de grève, le cadre de concertation tripartite sur les prix des produits de grande consommation. « Au constat donc, il y a sans doute des avancées sur certaines de nos préoccupations, qui restent à être matérialisées. Mais sur d’autres préoccupations, il y a une insatisfaction due à une absence d’échéance ou des réponses vagues », a souligné le président du mois des centrales syndicales, Guy Olivier Ouédraogo, qui avait à ses côtes les leaders du monde de travail dont ceux des syndicats autonomes. Les points de non-satisfaction tiennent au fait qu’aucune échéance n’a été donnée sur la relecture de la loi 028 portant Code du travail du Burkina Faso ; la prise de mesures en faveur des travailleurs victimes de la destruction de leurs outils de travail pendant l’insurrection; la convocation du comité sur l’annulation de l’IUTS sur les primes et indemnités servies aux travailleurs du privé et des établissements parapublics...
De l’incivisme
L’éventualité d’un mouvement social n’est pas complètement écartée et tout dépend, selon les syndicats, de l’attitude des autorités « La grève est l’arme ultime des travailleurs et la conséquence d’un dialogue de sourds », a souligné le président du mois avant de poursuivre « Le syndicat n’a pas pour rôle de mettre en difficulté un gouvernement ou de créer le désordre. Mais c’est la non mise en œuvre des engagements pris et la non-tenue de la parole donnée du gouvernement qui sont sources de problèmes » Le SG des centrales syndicales, Bassolma Bazié, s’exprimant au sujet de la récente baisse du prix des hydrocarbures, a martelé : “La baisse du prix des hydrocarbures telle que cela a été décidée sans aucune concertation avec les syndicats est un coup en dessous de la ceinture et nous aurons l’occasion de le faire savoir aux autorités. Nous réaffirmons qu’il faut revoir la structure même des prix pour une vraie baisse des prix”. Et de poursuivre au sujet de l’incivisme grandissant que les autorités promettent de combattre: « Il n’y a pas une autre façon de lutter contre l’incivisme, il faut que les autorités, elles-mêmes, donnent l’exemple ; il faut mettre fin à l’impunité et assurer une formation de base aux enfants, sinon si on se précipite sous le coup de l’émotion dans la répression, cela ne peut qu’engendrer la révolte. Ce que font aujourd’hui les enfants, ils l’ont appris des grands notamment des autorités. Arrêtons de s’attaquer aux consé- quences, car les causes sont bien connues ». Pour les animateurs du point de la conférence de presse, les travailleurs doivent se convaincre que sans la mobilisation et la détermination, on ne peut rien obtenir.
Abdou Karim Sawadogo
L'Observateur paalga
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