Ils espéraient revenir au devant de la scène politique avec ces élections municipales pour poursuivre leur lutte pour la reconquête du pouvoir qu’ils ont perdu depuis la chute du président Compaoré en 2014. La revanche, tant prônée par ces ex-maires pour garder le contrôle de la commune, n’a finalement pas eu lieu. Puisqu’à l’arrivée, son rival, le MPP, rafle la quasi-totalité des arrondissements.
Les élections couplées de 2015 (présidentielle et législatives) avaient laissé un goût amer aux fidèles militants de la section provinciale du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP). Des inconditionnels de l’ex-parti au pouvoir qui se sont estimés brimés par la décision du Conseil constitutionnel de les écarter de la course à la magistrature suprême. « Si nous étions à cette élection, les choses se seraient passées autrement », entendait-on dire dans les milieux cdpistes du Houet. Une chose est sûre : le CDP/Houet peut encore compter sur ses inconditionnels, qui sont loin d’abdiquer, et qui pensaient qu’avec ces municipales, ils allaient reconquérir des sièges dans les arrondissements. Un défi qu’ils entendaient relever pas seulement pour l’image de leur parti, mais aussi pour prouver aux démissionnaires qu’ils ont eu tort de quitter le navire battant pavillon CDP. Au cours de cette campagne, certains meetings avaient plutôt l’allure de règlements de comptes entre des excamarades qui n’hésitaient pas à se lancer publiquement des piques.
Au CDP/Houet, l’heure de la revanche semblait avoir sonné avec ces municipales où des ex-maires du parti n’ont pas hésité à casser leur tirelire pour aller à la conquête de l’électorat dans la perspective du retour aux affaires dans les arrondissements. Et au fur et à mesure que les jours passaient, l’espoir grandissait dans le camp de la section provinciale de l’ex-majorité, où certains n’ont pas hésité à afficher leur réelle ambition de briguer la mairie de Bobo. Mais ce fut presque la désillusion au terme de ces élections municipales où le CDP a certes réalisé des progrès mais insuffisants pour qu’il prétende diriger la commune. En attendant la confirmation de ces résultats provisoires par le Conseil constitutionnel, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) est le grand vainqueur de ces municipales à Bobo. Le parti de Roch Marc Christian Kaboré, qui a raflé la majorité des sièges dans la quasi-totalité des arrondissements, peut déjà s’assurer de contrôler six des sept arrondissements de la ville de Sya. Seul l’arrondissement 5 pourrait faire l’objet de jeu d’alliance entre le CDP (11sièges) et l’UPC (8 sièges). Suffisant pour écarter le MPP qui en totalise 17.
Maintenant que les jeux sont faits, c’est le profil du futur maire de la commune, forcément issu du MPP, qui alimente les conversations. En attendant de connaître le successeur de Salia Sanou, les Bobolais s’accordent à dire que la vile de Sya a besoin aujourd’hui d’un maire gladiateur ; d’un qui n’aura pas à tergiverser pour corriger les nombreuses lacunes de l’ancien conseil municipal, surtout dans le domaine des lotissements, de la voirie, et de l’attribution des postes de responsabilité dans la gestion communale. Pour réussir sa mission, le futur édile devra aussi se départir de certaines considérations mesquines pour placer l’homme qu’il faut à la place qu’il faut, restaurer l’autorité communale, être à l’écoute des populations, cultiver le civisme, surtout chez les jeunes, et engager les travaux de reconstruction de Bobo.
Jonas Apollinaire Kaboré
L'Observateur paalga |