Le ministère de l’Agriculture et des Aménagements hydrauliques, à travers la Direction de la protection des végétaux et du conditionnement (DPVC), a organisé, le 13 juin à Koudougou, une session d’information et d’échanges sur la chenille légionnaire à l’intention des directeurs régionaux de l’agriculture, des présidents des chambres régionaux d’agriculture, des présidents des conseils régionaux et des secrétaires généraux de régions.
L’objectif principal est de réduire considérablement les pertes de production pour la présente campagne agricole que pourraient occasionner les chenilles légionnaires. En avril 2017, on a enregistré la présence de la chenille légionnaire dans sept pays Ouest africains dont malheureusement le Burkina Faso. Cela s’est avéré lorsqu’une mission de suivi de la campagne hivernale 2016-2017, réalisée par la Direction de la protection des végétaux et du conditionnement(DPVC) a révélé des attaques de chenilles légionnaires dans plusieurs régions.
C’est ainsi que le constat fait cas de plus de 250 ha de cultures dans la région de l’Est, plus 135 ha de cultures de mil à Barani dans la région de la Boucle du Mouhoun, dans la région du nord, le riz était plus attaqué avec des populations de chenilles qui avoisinaient 100 à 200 individus par m2 dans certaines parcelles.
Dans le Soum, ce sont 6 ha de maïs fortement infestés dans cette partie du Sahel tandis que de l’autre côté au Sud-Ouest, de fortes infestations ont été signalées en début de campagne 2016-2017. Au regard donc de la situation et compte tenu de la forte menace de ces chenilles légionnaires sur la sécurité alimentaire aussi bien sur le plan économique que social, il est apparu plus que nécessaire de mettre en place une stratégie urgente pour lutter contre une éventuelle invasion de ces ravageurs au cours de la campagne agricole humide 2017-2018. C’est ce qui justifie la tenue de la session d’information et d’échanges qui, de façon spécifique, a été une tribune bien indiquée pour la DPVC d’informer les participants sur la situation de la chenille légionnaire et sa progression en Afrique et au Burkina Faso en particulier, de définir une stratégie nationale de surveillance et de lutte contre les insectes nuisibles de façon générale et contre la chenille légionnaire de façon spécifique. Les participants venus des treize régions ont ainsi pu suivre avec intérêt, une série de présentations sur l’état des lieux des actions menées par la DPVC dans le domaine de la protection des végétaux ; sur la situation de la chenille légionnaire et sa progression en Afrique et au Burkina Faso, et enfin, une présentation du dispositif de surveillance contre les nuisibles proposée par les services techniques de la DPVC. Toutes ces présentations suivies de discussions ont permis aux participants de mesurer l’ampleur du phénomène qui nécessite la mobilisation de tous. Quoi qu’il en soit, le directeur de la protection des végétaux et du conditionnement, Moussa Ouattara a rassuré que le gouvernement a déjà mis tout en œuvre pour la dotation de ses services en matériel technique de pointe pour lutter efficacement contre cette chenille venue d’Amérique.
Mettre au point des stratégies de lutte efficaces
Selon le secrétaire général du ministère de l’Agriculture et des Aménagements hydrauliques, Moussa Maïga qui a présidé l’ouverture des travaux de la session, il a affirmé qu’en effet, depuis 2014, le pays est confronté chaque année et ce, de façon récurrente à une invasion d’oiseaux granivores des genres Quelea et Paster, qui détruisent de grandes superficies cultivées, avec des pertes de productions pouvant atteindre 80%, selon les cas. Les régions du Sahel, du Nord et les périmètres rizicoles de l’AMVS dans la Boucle du Mouhoun, de Bagrépôle dans le Centre-Est font régulièrement les frais de ces ravageurs majeurs transfrontaliers. C’est pourquoi, pour parer à toutes éventualités, aux conséquences incalculables, la mise au point de stratégies de surveillance et de luttes efficaces visant à prévenir toute invasion de ce ravageur qu’est la chenille légionnaire s’avère indispensable, a soutenu M. Moussa Maïga. La chenille légionnaire d'automne est un des ravageurs de l’ordre des Lépidoptères qui se nourrit essentiellement de feuilles et de tiges de plus de 80 espèces végétales. Elle est beaucoup plus dommageable pour le maïs en Afrique de l'Ouest et en Afrique centrale que la plupart des autres espèces déjà connues. Les dégâts causés par cette chenille suite aux infestations entraînent des pertes totales ou partielles de rendement et une réduction de la qualité de la production. Originaire des régions tropicales et subtropicales des Amériques, cette espèce invasive vient s’ajouter aux espèces d’origine africaine et constitue une réelle menace pour l'agriculture africaine et partant, sur la sécurité alimentaire des populations et les pertes de devises liées à l’incapacité des pays à exporter. La présence de la chenille légionnaire a été signalée pour la première fois en début d’année 2016 en Afrique de l'Ouest et du Centre, notamment au Bénin, au Nigéria, à Sao Tomé et Principe et au Togo. Elle s’est ensuite répandue dans d’autres pays de l’Afrique sub-saharienne.
François KABORE
Sidwaya |