On le connaissait déjà pour ses boubous immaculés, Ibrahim Boubacar Keita va désormais devoir montrer patte blanche. En effet, une délégation du FMI séjourne actuellement dans la capitale malienne. Un groupe d’experts spécialement dépêchés de Washington non pas pour apprécier les progrès du pays, encore moins pour faire du tourisme, mais plutôt dans le but de voir clair dans les affaires maliennes.
Ainsi, les gendarmes des finances publiques ont débarqué à Bamako comme l’auraient fait des agents du fisc dans une entreprise ou chez un particulier. Une pilule décidément bien difficile à avaler pour l’actuel locataire du palais de Koulouba qui, au lendemain du premier anniversaire de son arrivée au pouvoir, s’en serait bien passé. Il faut pourtant reconnaître que depuis sa prise de fonction, IBK semble avoir pris quelques libertés avec l’orthodoxie financière et comptable prônée par les institutions de Bretton Woods, et cela, d’autant plus que son pays n’a pas encore tout à fait refermé le chapitre de la crise dans son septentrion.
Premier dossier inscrit à l’agenda de cette mission d’évaluation, la fameuse affaire de l’avion présidentiel qui, en son temps, avait provoqué l’effervescence du landernau politique malien et, bien au-delà, le courroux de l’institution financière internationale. Certains s’étaient même posé la question de savoir si l’acquisition d’un coucou présidentiel pouvait se justifier alors que d’autres urgences bien des prioritaires, elles, s’empilaient dans les cabinets ministériels.
Et pour ne rien arranger, l’espèce de flou qui demeure au sujet du montant de la dépense tant querellée, entre 17 et 20 milliards de francs CFA selon que l’on s’adresse au président ou à son premier ministre, avait fini de convaincre quant à l’opacité de cette transaction.
Mais là n’est pas le seul grief du FMI à l’encontre des autorités maliennes, car la mission d’évaluation arrive à un moment où il est question de fournitures d’armes au ministère de la Défense par la Russie via un intermédiaire privé. Un contrat qui s’élèverait à une centaine de milliards de francs CFA. C’est le comble de l’opacité. Et pourtant Dieu sait qu’après la cuisante défaite subie par les FAMA à Kidal, le pays a été obligé de se réarmer de toute urgence afin d’assurer sa sécurité et celle des citoyens. Cela se comprendrait aisément s’il y avait la manière, autrement dit le respect des règles habituelles de transparence et de concurrence.
On ne s’étonnera donc pas qu’une odeur de soufre ait attiré les contrôleurs du FMI sur les rives du Djoliba. Autant dire qu’ils ne vont pas chaumer durant les deux prochaines semaines. Mais une chose est sûre, c’est qu’entre-temps ces experts en bonne gouvernance made in FMI auront mis du sable dans le fonio d’Ibrahim Boubacar Keita, qui se serait bien passé de ce cadeau d’anniversaire.
Marie Ouédraogo
L'observateur paalga |