Le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Burkinabè de l’extérieur, Alpha Barry, a animé une conférence de presse, le lundi 6 novembre 2017, à Ouagadougou sur le bilan de la session spéciale du conseil de sécurité des Nations unies inhérente au financement « conséquent et pérenne » de la force conjointe du G5 Sahel.
Le 30 octobre 2017, les ministres des Affaires étrangères des pays-membres du G5 Sahel ont pris part, à New York, avec d’autres personnalités d’Afrique, d’Europe et d’Amérique, à la session spéciale du Conseil de sécurité des Nations unies. Au cours de cette réunion, un examen du rapport du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, sur le financement de la force conjointe du G5 Sahel a été fait. Le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Burkinabè de l’extérieur, Alpha Barry, a convié les journalistes, le lundi 6 novembre 2017, à Ouagadougou, pour faire le bilan de la rencontre de New York. D’entrée de jeu, il a déclaré que les ministres ont démontré au Conseil que la sécurité du Sahel est capitale pour celle de toute l’Afrique de l’Ouest, du Nord, de l’Europe, de l’Amérique et du monde entier. « Assurer la sécurité au sein de l’espace du G5 Sahel c’est garantir celle de tous. Chaque ministre a plaidé également pour la situation nationale et pour celle d’ensemble dans la région du Sahel », a-t-il précisé. Il a souligné que le rapport du secrétaire général des Nations unies sur le financement de la force conjointe du G5 Sahel a été positivement apprécié par lui et ses homologues, d’autant plus qu’il a la même articulation que celui de la MINUSMA. « Nous avons besoin de 423 millions d’euros pour l’opérationnalisation complète de la force du G5 Sahel. Cela fait 270 milliards 470 millions de F CFA. A ce jour, 108 millions d’euros ont été annoncés, ce qui représente 70 milliards 243 millions de F CFA. Ce montant comprend les 50 millions d’euros des cinq pays. Pour le moment, nous sommes très loin du compte et il y a des estimations qui stipulent que le montant doit être revu à la baisse, soit 250 millions d’euros. Mais nous, nous disons que la bonne estimation est de 423 millions d’euros », a expliqué le chef de la diplomatie burkinabè. Les Etats-Unis, a-t-il laissé entendre, ont annoncé 60 millions de dollars dans le cadre de la coopération bilatérale, mais ils n’ont pas encore annoncé quelque chose au niveau multilatéral, c’est-à-dire au niveau de la force du G5 elle-même, bien qu’ils aient déclaré la soutenir.
Du lobbying à Washington
En plus de la session de New York, le conférencier a soutenu que des contacts au niveau bilatéral ont eu lieu à Washington, notamment au secrétariat d’Etat et au centre d’études stratégiques américain. «Le secrétaire d’Etat adjoint, Thomas Shanon, nous a reçus et nous avons réitéré les positions du G5 Sahel auprès des Etats-Unis. Nous avons souhaité que l’appui de 15 millions de dollars à l’armée burkinabè soit revu à la hausse. Je pense que les lignes sont en train de bouger », a-t-il expliqué. Pour lui, ce travail de lobbying s’inscrit dans le cadre de la préparation de la rencontre de Bruxelles qui aura lieu le 14 décembre. « Il s’agit d’une table ronde des bailleurs de fonds sur le financement de la force conjointe du G5 Sahel. Nous espérons qu’à cette occasion nous pourrons boucler le financement de 423 millions d’euros », a détaillé Alpha Barry.
Y a-t-il une part prévue dans le budget de la force conjointe du G5 Sahel pour des initiatives de développement dans la mesure où le combat contre le terrorisme est multidimensionnel ? « Au sein du G5 Sahel, il y a une composante civile qui est consacrée aux droits humains et à la sensibilisation. Le programme d’urgence au Sahel est aussi une réponse aux questions de développement », a répondu le ministre en charge des affaires étrangères. Pourquoi aller « mendier» forcément les 423 millions d’euros pour financer la force alors que certaines estimations évoquent 250 millions d’euros ? Comme réaction, le ministre a avancé que les pays-membres du G5 ne font pas de la mendicité pour mobiliser les fonds. « Nous sommes allés poser un problème qui concerne tout le monde. Le Burkina Faso et les autres pays du Sahel ne peuvent à eux-seuls combattre le terrorisme d’autant plus que l’intervention occidentale en Lybie a déstabilisé la zone sahélienne. Donc, la contribution de tous est nécessaire », a-t-il appuyé. Est-ce que tous les pays-membres de l’organisation sont à jour de leurs contributions ? Le conférencier a relevé que la part apportée par chaque pays se compte en termes de déploiement des troupes et d’équipements. Le G5 Sahel a-t-il sollicité la contribution des pays voisins du Sahel et d’autres institutions ? « La contribution des institutions et des voisins est sollicitée. Pour la réunion de Bruxelles, l’UEMOA, la CEDEAO et l’Union africaine sont invitées », a conclu Alpha Barry.
Karim BADOLO
Sidwaya |