
De nombreux confrères l’ont déjà annoncé. Mais jusqu’hier lundi en fin de journée, l’information n’était pas encore officielle. L’affaire était donc toujours dans les tuyaux, comme on le dit dans notre jargon. Mais selon toute vraisemblance, ça ne devrait pas tarder, si ce n’est déjà fait, à être confirmé au cours d’une conférence de presse. De quoi s’agit-il ?
Nous voulons parler de l’éventuel report de deux grandes manifestations internationales initialement prévues pour ce dernier trimestre de 2014 à Ouagadougou : vous l’aurez sans doute deviné, il s’agit du Salon international du tourisme et de l’hôtellerie de Ouagadougou (SITHO) et du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO), précédemment fixés, l’un du 2 au 5 octobre, et l’autre du 31 octobre au 9 novembre.
La cause de ce probable rendez-vous manqué : Ebola, cette épidémie de fièvre hémorragique, qui ne cesse de se propager en Afrique de l’Ouest, où plus de deux mille personnes en sont déjà mortes depuis février dernier. Non pas que notre pays soit touché. Non, jusque-là, pas du tout. Mais par mesures de précaution.
Si l’option du report, voire de l’annulation pure et simple pour ce qui est du SITHO, comme le susurrent certaines sources, venait à être adoptée par les autorités burkinabè, ce serait alors trois importants événements internationaux qui feraient ainsi les frais, chez nous, de cette «peste rouge».
En effet, annoncé du 2 au 7 septembre dernier dans notre capitale, le Sommet de l’Union africaine (UA) sur l’emploi a été reporté sine die en raison de la même épidémie.
Comme on le constate, le virus Ebola n’a pas forcément besoin de toucher physiquement un pays pour y faire certains effets : la simple crainte de sa propagation conduit bien souvent à la prise de mesures qui, pour être préventives, n’en demeurent pas moins dommageables. Mais de deux maux, il faut choisir le moindre, conseille cet adage bien connu. Raison pour laquelle, ici et là, les gouvernements n’hésitent pas à passer par pertes et profits les rencontres politiques, économiques, culturelles ou sportives d’envergure régionale ou internationale.
Alors, il n’y a pas que les cinq pays touchés de l’Afrique de l’Ouest qui pâtissent de cette fièvre hémorragique. Le Liberia (foyer incandescent du mal), la Sierra-Leone, la Guinée, le Nigeria et tout récemment le Sénégal, en plus du lourd bilan macabre, vont devoir faire face, peu ou prou, aux effets socio-économiques de l’épidémie : selon les prévisions, la croissance économique de certaines nations infectées en sera affectée dans l’ordre de 1,5%.
Si le SIAO et le SITHO venaient effectivement à être annulés, sans aucun doute que cela se ressentirait sur plusieurs secteurs économiques, comme l’hôtellerie, l’artisanat d’art, les compagnies et agences de voyage, les sociétés de téléphonie mobile, le transport urbain, les médias en terme de communication, et bien d’autres domaines d’activités qui réalisent de bons chiffres d’affaires lors de ces deux rendez-vous internationaux de Ouagadougou. Sans compter les dépenses déjà effectuées par l’Etat qui risquent de s’en aller en eau de boudin.
Selon l’OMS, il faudra encore 6 à 9 mois pour espérer venir à bout de cette épidémie «éboulique», c’est dire le coût humain et économique pour les pays qui en seront touchés. Raison peut-être pour laquelle le Conseil exécutif de l’UA s’est réuni d’«urgence» hier à Addis-Abeba. Mais pour une « urgence », ce n’en est pas vraiment une. Car voilà plus de six mois que le mal sévit sans qu’on n’ait entendu jusque-là l’organisation panafricaine s’en émouvoir. Mais mieux vaut tard que jamais.
Alain Saint Robespierre
L'observateur paalga |