Dans la nuit du vendredi 6 au samedi 7 mars, un commando armé a fait irruption dans l'établissement La Terrasse, à Bamako, et déclenché une fusillade. Au moins cinq personnes sont mortes, dont trois Européens et notamment un Français et un Belge, ainsi que deux Maliens. Il y a également de nombreux blessés. Les autorités françaises et belges ont réagi. Une enquête a été ouverte à Paris.
Peu après minuit, heure locale, un homme commence à lancer des grenades dans une rue du centre de la capitale malienne. Dans le quartier de l'Hippodrome, la rue « Princesse », comme elle est surnommée, abrite de nombreux bars et restaurants. Elle est très fréquentée, notamment par des Occidentaux, surtout le vendredi soir.
L'attaque a eu lieu en plusieurs temps. Après avoir lancé plusieurs grenades, dont certaines n'ont pas explosé, l'homme s'engouffre dans l'établissement appelé La Terrasse ; il monte à l'étage et commence à mitrailler à l'arme automatique tout autour de lui, avant de prendre la fuite dans un véhicule conduit par un complice. Les deux hommes sont cagoulés. Peu après avoir quitté les lieux de l'attaque, ils croisent une voiture de police. Un nouvel échange de tirs a lieu.
Un riverain, dont la maison se trouve à quelques dizaines de mètres de l'établissement, dit avoir entendu des coups de feu à plusieurs reprises pendant une dizaine de minutes. Il parle d'un éclair de lumière. Un agent de sécurité qui travaille dans la rue où a eu lieu l'attaque parle également de très fortes détonations. Les deux hommes racontent qu'ensuite, ils ont vu une foule de personnes quitter la zone, des gens bien sûr effrayés, certains criant. « C'était la panique », dit l'un des témoins (écouter son témoignage ci-dessous à gauche).
Le bilan provisoire fait état de cinq morts. On dénombre aussi une dizaine de blessés, dont au moins deux graves, qui ont été transportés dans un hôpital du centre-ville. De sources diplomatiques, policières et hospitalières, trois Européens figurent parmi les personnes décédées, dont un Français et un Belge - qui travaillait pour l'UE - ainsi qu'un autre ressortissant dont la nationalité n'est pas connue. Parmi les victimes également : deux Maliens, un policier et un gardien.
Deux suspects ont été arrêtés dans une rue adjacente. La zone est actuellement bouclée par un impressionnant dispositif de sécurité. Des dizaines de policiers maliens sont sur le qui-vive. Des grenades non explosées pourraient ne pas avoir été encore découvertes. Des agents du renseignement sont également sur place. On ne sait pas qui sont les assassins.
« Je suis venu pour rejoindre des amis, confie par téléphone un autre témoin. Le moment où je me garais a coïncidé avec l'arrivée des forces de l'ordre. C'était une véritable panique ! La boîte de nuit qui est juste en dessous de cette terrasse a été complètement bouclée. Tous les clients qui étaient dedans ont été presque manu militari conduits à l'étage, afin de boucler ce premier périmètre et empêcher qu'un tireur ou quelqu'un portant une ceinture d'explosifs aille à son tour dans cette boîte de nuit. (...) Je peux vous confirmer que même les forces de l'ordre étaient réellement inquiètes de la situation. »
Vives réactions en Europe, et notamment en France
Le président français parle d'un « lâche attentat », qu'il dénonce avec « la plus grande force ». François Hollande va « offrir l'aide de la France » au président malien. « Il y a très vraisemblablement un Français, en cours d'identification, parmi les cinq victimes », a-t-il confirmé, tandis que son Premier ministre Manuel Valls a également réagi sur Twitter : « Horrifié devant l'abjecte attaque terroriste perpétrée cette nuit à Bamako. Soutien au Président Keïta. Nous ne cèderons jamais. MV »
Il s'agit de l'attaque la plus meurtrière subie dans la capitale malienne depuis le lancement de l'opération militaire Serval en janvier 2013. L'ambassade de France au Mali a envoyé un message de prudence à tous les ressortissants français sur place. « Ce crime renforce notre détermination à lutter contre le terrorisme, sous toutes ses formes », a déclaré le chef de la diplomatie française dans un communiqué. « Notre ambassade, qui a ouvert une cellule de crise, est entièrement mobilisée aux côtés des autorités maliennes », a ajouté Laurent Fabius dans un communiqué.
Il est d'usage qu'une enquête soir ouverte à Paris lorsqu'un ressortissant français est victime d'un crime à l'étranger. De source judiciaire citée par l'Agence France-Presse, une enquête a donc été confiée ce samedi matin à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et à la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire (Sdat).
« Je dénonce et je condamne cette terreur lâche, ignoble qui a frappé à Bamako », a indiqué le chef de la diplomatie belge Didier Reynders à des journalistes en marge d'une réunion ministérielle de l'UE à Riga. « Mes pensées vont aux victimes et à leurs familles, leurs proches quelle que soit leur nationalité (...) Nous ferons tout ce qui est nécessaire pour aider les autorités maliennes à ramener le calme. »
Source: RFI
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