Depuis l’apparition de la maladie à virus Ebola en Afrique de l’Ouest avec ces conséquences dramatiques que nous connaissons, c’est une sorte de psychose qui s’est emparée des populations dans toute la sous-région. Chaque maladie ou chaque décès avec des symptômes proches à ceux de cette épidémie a toujours provoqué la panique au sein de la population, avant même que les services compétents en la matière ne se prononcent. C’était le cas jeudi dernier à Bobo-Dioulasso avec cette mort brutale dans une mosquée que certains ont vite fait de lier au virus Ebola.
Et pourtant, il n’en était rien à en croire le comité régional de gestion des épidémies aux Hauts-Bassins qui a rencontré samedi la presse locale.
Comme une traînée de poudre, la rumeur s’est vite répandue dans toute la ville de Sya à l’annonce du décès brutal de cet homme qui était en train de faire ses ablutions à la grande mosquée de Diaradougou. Un fidèle d’Allah dont les derniers instants de vie ont été tout simplement effroyables avec des vomissements sanglants et mousseux et même des saignements par certains orifices. Appelés à la rescousse, les sapeurs-pompiers vont intervenir immédiatement non sans prendre auparavant les précautions d’usage en pareille circonstance, notamment le port de gangs et de cache-nez. Il en sera de même pour les autorités appelées sur les lieux et surtout pour les agents de santé commis aux constatations d’usage et à l’enlèvement du corps. Des dispositions sécuritaires semblables aux images véhiculées par les chaînes de télévision étrangères à chaque fois qu’il est question du virus à Ebola en Afrique. Toutes choses qui contribueront à faire germer au sein des témoins de la scène, des rumeurs selon lesquelles l’homme serait mort de cette épidémie qui est en train de faire des ravages en Sierra Leone, au Libéria, au Nigeria et en Guinée d’où est originaire la victime. De quoi alors en rajouter à la panique dans certains milieux et surtout à accélérer les rumeurs de la découverte du virus Ebola à Bobo. Mais l’équipe médicale venue pour constater la mort de la victime avait déjà pris la pleine mesure de la situation. Car pour le médecin requis le docteur Massambo Jean Gabin, «ces vomissements avec du sang mousseux sont plutôt le signe d’une tuberculose pulmonaire aiguë». Les affirmations du docteur Massambo vont d’ailleurs se préciser avec l’intervention de ce délégué de la mosquée de Diaradougou qui prendra la parole à la suite de l’imam. Il nous apprendra en effet que : «La victime est arrivée de la Guinée depuis 2011 et souffrirait de la tuberculose et je crois savoir qu’on lui a dit que c’est à Bobo qu’il pouvait guérir de sa maladie parce qu’il y a un service spécialisé. Sa famille d’accueil s’est finalement résolue à le répudier de peur d’une contagion. C’est ainsi qu’il s’est retrouvé devant la mosquée, obligé de quémander pour survivre et pour se soigner. Il était souffrant et par moments, il toussait beaucoup».
Si pour l’instant les responsables de la mosquée ainsi que les autorités sont restées à la thèse de la mort des suites d’une tuberculose pulmonaire, il n’en demeure pas moins que, dans ce cas précis, les consignes en matière d’épidémie ont été respectées à la lettre selon le directeur régional de la Santé, Yacouba Savadogo. Il s’est agi principalement des prélèvements pour recherche de virus Ebola, de la désinfection du corps et des lieux, de la gestion et de l’incinération de tous les objets et enfin de l’inhumation sécurisée de la victime. Mis à contribution dans la gestion de cette affaire, les résultats des analyses faites par le Centre Muraz ont été jugés négatifs pour ce qui concerne le virus Ebola. Le docteur Kania Dramane de l’institution, qui se voulait très rassurant, affirme sans ambages : «Il n’y a aucune inquiétude à se faire. Cet homme n’est pas mort de cette épidémie. Et j’espère que les échantillons des prélèvements expédiés à Lyon pour des analyses viendront confirmer nos résultats». En attendant les derniers rapports en provenance de la France ce lundi, le gouverneur de la région des Hauts-Bassins, Joseph Bakouan, invite les usagers de la mosquée de Diaradougou au calme et à la sérénité. Car, pour lui, ce point de presse visait principalement à dissiper la psychose qui s’est emparée de la population et surtout à inviter les uns et les autres au respect des consignes sanitaires.
Jonas Apollinaire Kaboré
L'Observateur paalga |